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Saison
De Rouille
Caduta Dei Gravi - CD
Necrocosm/Le Crepuscule Du Soir 2013
Déroutes Sans Fin - LP
Seventh Crow, Necrocosm, Ocinatas Industries, Désordre Nouveau, Kaosthetik
Konspiration 2014
Force commandée
par une volonté noire poursuivant implacablement la descente d'un
poids mort, Saison De Rouille est né des cendres de Danishmendt
avec l'ex-chanteur Karl Sugin et de sa rencontre avec Sébastyén
D. (Opium Dream Estate). Et comme pour Danishmendt, avec Saison De Rouille,
tu dérouilles. Tu n'entres pas dans cet univers en sifflotant mais
à reculons. L'histoire a débuté en 2012 avec la parution
en vinyle du premier album Caduta Dei Gravi. Un an plus tard, le
CD sortait mais c'est pas un joli poster qu'ils auraient dû mettre
dans le digipack mais une corde. Pour se pendre. Ça sent le gros
désespoir à chaque note, une violence glaciale, un monde
hyper glauque, sers bien le nud qu'on en finisse rapidement.
Avec Benoit Courribet (Xynobis)
à la basse, du violon de la part de Pierre-Henri Dutron et Marietta
Fox, un autre guitariste (Flo LaMarin), des synthés, des bruits
sortis des entrailles corrodées d'un ordinateur et une boite à
rythmes pleine de cliquetis métalliques, le monde de Saison De
Rouille est décharné, suit un cheminement erratique avec
de froids crochets qui vous choppent au hasard sur un rail impassible
vous menant à la casse. Lueurs d'acier intermittentes, c'est sec,
cassant et sans espoir. Et puis vous avez le dernier élément
perturbateur et pas des moindres, le chant et ses paroles d'outre-tombe
en français. Un chant parlé incantatoire, grave, cordes
vocales corrosives légèrement éraillées qui
peut rebuter et qui en fera fuir plus d'un, limite grandiloquent parfois
mais qu'on arrive à accepter aussi, donnant en tout cas une touche
très particulière à une musique qui n'est déjà
pas facile à apprivoiser. Approche extrême, entre les affres
d'une musique industrielle et cold, noise minimaliste osseuse et darkwave
lancinante d'apocalypse et de chaos déglingué, on sent bien
que le but est l'oppression, mettre mal à l'aise. Mais n'est pas
Swans qui veut, quand bien même on s'inspire du Cop de la
bande à Gira pour le dernier morceau Co(r)ps qui ne figure
pas sur la version vinyle. La mise en place est parfois bancale et à
trop vouloir faire peur, on ne finit par ne plus rien ressentir. On en
vient à se dire comme pour Danishmendt que trop c'est trop, la
suffocation n'est pas loin. Mais c'est un album qui interpelle, fourmille
de trouvailles transperçantes et de motifs obsédants, d'un
élan noir qui fait mal et d'idées qui font froid dans le
dos mais aiguisent notre masochisme.
Avec Déroutes
Sans Fin, Saison De Rouille passe en formule trio. Karl Sugin et Sébastyén
D. toujours et le nouvel arrivant, Laurent Babé du groupe La
Partie Du Cerveau. L'atmosphère ne s'est pas franchement réchauffée.
Suffit de regarder la gueule de la pochette pour se dire qu'il va pas
falloir compter sur les autres pour s'en sortir. L'abandon, les ruines
et les cataclysmes, Saison De Rouille promet une nouvelle fois un moment
de pur bonheur comme un tsunami de noirceur sur une vie de merde.
Cependant, de cette formule consolidée et plus définie autour
d'un trio avec boite à rythmes, Saison De Rouille fait preuve de
plus de cohésion dans son écriture. Sans quitter certains
oripeaux indus et cold, Saison De Rouille dessinent des contours plus
rock et noise à sa musique de fer forgé. Morceaux plus aboutis
et percutants mais aussi variés, le glacial rougeoie sous des coups
de butoirs salutaires. Des ébauches de mélodies percent
sous le fatras rythmique et métallique, le rythme général
s'accélère et l'air, en plus d'être plus vif, circule
plus librement entre les barbelés. Le chant également profite
de cette légère embellie en diversifiant les tonalités,
moins foncièrement d'outre-tombe et en avant. Seule la poésie
de la désolation qui tourne autour de la bagnole et de la route
me laisse de marbre. Un morceau en collaboration avec Christian Kolf (Valborg)
comme sur le précédent album, compositions désarticulées
qui se resserrent dans les virages, jeu de guitare plus précis,
c'est le blues des no man's land qui souffle sur des champs arides, un
souffle synonyme d'espoir. Lenvoûtement prend forme. L'accès
n'est pas aisé, Déroutes Sans Fin manque de titres
marquants qui prennent aux tripes mais Saison De Rouille huile les jointures
et sculpte des formes singulières et de plus en plus alléchantes.
SKX (19/02/2015)
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