bidehuts




Sacco
s/t LP
Bidehuts 2015

Parler de Sacco, c'est d'abord parler de Lisabö. Un membre en commun, Xabi Zabala (chant et basse). Un batteur, Ander Zabalegi, frère d'un des deux batteurs de Lisabö, le trio étant complété par le guitariste Borja Toval. Ville d'origine identique, Irun (Pays basque). Style musical empruntant les mêmes chemins. Jusqu'à un membre de Lisabö (Javi Manterolak) venant prêter sa guitare sur un titre (Inoiz Itzaliko Haiz). N'en jetez plus.
Mais écouter Sacco, c'est oublier l'ombre de Lisabö. D'ailleurs, Zabala jouait dans déjà dans Sacco avant d'intégrer Lisabö. Mais comme leurs potes, Sacco a la gestation très lente et sort son premier album uniquement cette année alors que le groupe existe depuis 2007. Et si désormais les routes de ces deux groupes se croisent, Sacco peut fièrement brandir un album qui n'a pas à rougir de la comparaison. Et la musique est à l'image de Sacco. Elle prend son temps pour arriver jusqu'à vous, pour vous toucher, multiples écoutes nécessaires faisant naître un sentiment grandissant de contentement. Électricité statique et atmosphère chargée en nuages noires et bas, mini-tempêtes explosives, les huit morceaux de cet album sont revêches, ne se laissent pas apprivoiser facilement, n'éclatent pas au grand jour mais la passion finit par l'emporter. Une beauté brute se dégageant d'accords poignants sur la base d'une section rythmique efficace, sonnant merveilleusement bien, force motrice souple, dynamique et redoutable comme sur le court et intense Odol Hustu. Mais en règle générale, le trio préfère les longs développements, le mid-tempo appuyé, les mélodies écorchées soutenues par un chant basque aux accents tragiques, une lame de fond qui surgit sous la grisaille, l'éclaircie qui irradie et là, c'est le bonheur. Sept minutes et de belles poussières de Eskuen Lur Azpia, les silences, les sous-entendus, les pics de tension enchaînées avec Zenbait Hare Ale qui ferait chialer les plus endurcis et ton album, il est pesé et emballé. C'est d'ailleurs toute la face B qui fait craquer le vernis. Sans pathos, sans fard, avec le crépusculaire et instrumental Inoiz Itzaliko Haiz et la guitare qui se fait noisy sur le sublime et nerveux Zilar Begiz et sa mélodie finale déchirante, la main sur le coeur. Sacco a pris tout son temps mais leurs compositions sont fignolées, prenantes, faites pour durer et rendent la nuit pus belle.

SKX (17/05/2015)