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Repo Man
Minesweeping – LP
Lava Thief 2015


La recrudescence du marché du vinyle a empêché de sortir ce disque à temps. Un comble. Prévu en mai, prêt à partir en direction de tous ceux qui l'avaient pré-commandé, Minesweeping n'est sorti que fin août. Les petits passent après les gros. Le label Lava Thief a du attendre que les commandes des majors (qui n'ont rien vu venir comme d'habitude) soient fabriqués pour avoir le droit de voir l'objet de son modeste groupe passé sous les presses vinyliques. Entre temps, Repo Man avait quand même fait quelques dates en France fin mai, les mains vides, sans son nouvel album donc et le premier étant épuisé.
A Rennes, le concert avait été franchement bon. Et si un seul (petit) bémol devait intervenir pour Minesweeping, c'est de rendre qu'imparfaitement compte de l'énergie et de la passion sur scène. Notamment pour le bassiste dont je m'étais demandé sur le coup s'il ne s'était pas greffé un sixième, voir un septième doigt pour aligner des parties de basse aussi incroyables avec une telle facilité en écartant les phalanges à rendre marteau un kinésithérapeute. Sur disque, ça ne s'entend pas forcément mais en concert, c'est un régal. D'ailleurs, ce bassiste est un peu le symbole de Repo Man. Être capable de rendre la complexité limpide, avec des changements de rythmes qui passent tout seul, sans tronçonnage du flux musical, une histoire qui s'écrit chapitre après chapitre, avec des nuances soigneusement construites, une mise en scène sentant le chaos mais n'oubliant jamais d'insinuer de l'harmonie et de la tendresse. Dans ce caractère bouillonnant et convulsif qui rime aussi avec pétillant et inventif, je ne vois que les vieux Bagdewearer à laquelle une comparaison peut être tentée. Faute de mieux. Car sans rien révolutionner, Repo Man reste unique. Et Bojak le chanteur n'y est pas étranger. Son flot de paroles plus parlées que chantées, la conviction qu'il met à haranguer les foules tout en restant enfermé dans son monde peuplé d'images étranges, le poids et la tension qu'il met derrière chaque mot reste un point fort de Repo Man. Le saxo, violon, violoncelle ou piano sont toujours d'actualité mais loin d'être majoritaire dans l'instrumentation classique d'un groupe guitare-basse-batterie faisant déjà de nombreuses étincelles avec les six cordes d'une guitare au jeu varié et les rythmes rebondissants qui n'en font jamais trop.
Minesweeping
continue les travaux entrepris sur All Mind In The Cat House. Avec toujours plus de maîtrise, de finesse et de brio. Les Anglais de Bristol confirment ainsi tout leur talent. Et allez les voir en concert.

SKX (15/09/2015)