La pureté ultime selon Rectal Hygienics, c'est un fin dosage de liquide jaunâtre et de saturations épaisses et dégoulinantes comme une croûte purulente, la lourdeur d'un macchabée lesté de plomb qu'on jette au fond de la rade, une violence sans état d'âme, méthodique, des murs de feedback s’abattant sur le dernier espoir d'un monde meilleur si vous en aviez encore, la visite des bas-fonds et l'envers du décor, et tout ça pour l'amour des femmes.
Des paroles très controversées, une attitude qui cherche les emmerdes, Rectal Hygienics fait tout pour être détesté, continuant ainsi d'emprunter le même chemin pavé de sales intentions que Even The Flies Won't Touch You ou le single Cold Meat/Hoard of Violence. Il est donc toujours possible de glisser les Brainbombs dans une chronique du groupe de Chicago et toute cette frange (fange) de groupes pratiquant un punk/noise-rock nihiliste, crade et dérangeant. Pureté du riff unique répété inlassablement encore et encore jusqu'à ce que ça devienne malsain, un rythme martelé et entre deux eaux, pas franchement rapide (excepté sur les deux minutes de Suffocating), pas franchement lent jusqu'à ce que ça devienne encore plus malsain, le plaisir de mettre le doigt sur la plaie et l'enfoncer lentement avec le sourire. Le chant de Matt Ibarra marqué par le dégoût et la haine, moitié parlé, moitié craché pour provoquer le malaise. Il n'y a pas à sourciller, Ultimate Purity est bien ce disque qui va te faire aimer souffrir. Le son est encore plus chargé que précédemment, le poids de la misère qui enfle sans doute, avec des titres comme Grandeur et Esteem charcutant divinement en profondeur ou le très bon morceau Untitled avec l'invité Jail Flanagan au saxophone pour mettre une touche de chaos supplémentaire au bordel ambiant. Rectal Hygienics assume son rôle de sales bâtards et délivre une nouvelle fois un puissant antidote à ce truc dégueulasse qu'on appelle le bonheur. Ultimate punk-rock.

SKX (27/02/2015)