psalmbeach




Psalm Beach
Nowhere In Particular – LP
Self-released 2014

Ce disque a déjà plus d'une année dans les dents. S'il n'a pas été chroniqué en temps et en heure, ce n'est pas en raison de la difficulté à se le procurer (même s'il faut se fendre d'une commande directement en Australie auprès du groupe, unique lieu de la planète où ce disque s'achète) mais parce que les premières écoutes sur leur site n'avaient pas été emballantes. Après un fantastique premier EP, l'attente était grande. La découverte de Nowhere In Particular révélait un son étriqué, loin d'être aussi percutant que les quatre titres du EP, notamment au niveau du rendu de la basse, une histoire d'enregistrement pas à la hauteur qui desservait les compositions, rabaissant ainsi d'un coup tous les espoirs placés dans Psalm Beach. Dans ces cas là, c'est comme la pâte à crêpe, mieux vaut laisser reposer. Parce qu'on allait pas laisser tomber le trio de Melbourne aussi vite, l'abandonner à son triste sort. Parce que sous les sonorités différentes de l'enregistrement pointait toujours ce charme aliénant et des compos ne demandant qu'à se révéler une fois la première déception passée.
Nowhere In Particular a fini par exploser tout son sensuel parfum. Même le son n'est plus un problème donnant au post-punk dépressif de Psalm Beach une dimension shoegaze/noisy vous enveloppant d'une douce et ténébreuse chape de gris profond à l'image de la troublante pochette au soleil blafard. La lumière était là, dans le fond, il fallait juste ouvrir un peu plus les yeux, laisser les nuages se dissiper. Nowhere In Particular n'est pas un disque qui va nulle part, il apparaît peu à peu au grand jour, atteignant sa cible au plus profond de votre cortex sensitif. On retrouve toute cette puissance hypnotique, ces longs développements répétitifs comme une vague émotionnelle allant crescendo, l'intensité à fleur de peau, le chant écorché, les mélodies sans fard et néanmoins poignantes comme sur Wake Up, le nerveux Stage Fright ou Stranger In A Strange Place alors que le début de Loose Hedge commence comme un titre de Slint, cousinage pas si éloigné dans une version plus noisy et onirique mais gardant cette identique tension palpable ne demandant qu'à jeter son venin. Psalm Beach n'a pas perdu son sens inné de la composition enivrante vous faisant décoller au-dessus de toute la grisaille ambiante et signe un album terriblement attachant et unique. Il fallait juste prendre son temps.

SKX (10/09/2015)