Milkilo est un duo stéphanois qui propose sur leur premier mini-album d'étudier les os des pères. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Ou alors c'est comme tous les groupes instrumentaux, le sens et le poids des mots possèdent une logique n'appartenant qu'à ces protagonistes. Un duo basse-batterie qu'il était tentant de qualifier dans un premier temps de math-rock mais au contraire de leurs camarades de label Ça, dont certains membres ont joué dans le passé dans Maria Magdalena qui avait réalisé un split single avec Milkilo (tu le sens le recoupement inéluctable), le duo joue plus sur les répétitions que les complexités, installant une dramatique sombre et assez prenante. Assez parce que tout n'est pas totalement captivant dans ces quatre longs titres. Mais Milkilo a le mérite de chercher des chemins de traverses tout comme réfléchir au son de basse qui varie les tonalités et les effets. Tisser des climats lourds et ténébreux qui font que ce disque piétine plus les territoires noise et hardcore. Tout en gardant sous le manche de quoi s'aménager des portes de sortie pour respirer un bon coup avec au final une musique restant dans des eaux mouvantes et difficilement étiquetable. Milkilo met tout son poids sur les ambiances plutôt que sur la débauche d'énergie et la démonstration de force, avec la souffrance, le non-dit et la frustration en point de mire trouvant son apothéose dans le chant à bout de souffle – pour ne pas dire manquant de coffre mais ça rajoute à la note de désespoir - faisant son apparition en français à la fin des onze minutes de Thetrahèdre. Chant/cris qui étaient déjà apparus dans le fond du mix sur Ghoul et qui pourrait être une bonne idée afin d'apporter un peu plus de tension et d'alternative à la formule de Milkilo. Après un split 7'' et un live EP, Milkilo pose une première pierre qui pourrait laisser augurer d'une belle construction future.

SKX (23/01/2015)