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Membrane Reflect Your Pain LP Basement Apes Industries/Atypeek Music 2015 Près de quinze ans que le trio de Vesoul sévit dans la scène noise. Et malgré les nombreux changements de personnels (quatrième batteur, deuxième bassiste, seul le guitariste-chanteur est d'origine) et les années qui passent, Membrane garde une ligne directrice indéboulonnable. Noise-rock terriblement lourd teinté de post-hardcore carnassier et furieusement sombre. Les trois albums précédents et le split avec Sofy Major possédaient chacun leurs petites variations et particularités mais c'est compact que Membrane a toujours avancé. Membrane n'a jamais fait dans la diversification et l'exotique. Tu prends tout en bloc ou tu ne prends rien. Ce cinquième enregistrement ne reflète pas que la douleur. Il reflète l'approche typique de Membrane, le son qu'ils ont en tête depuis le début et qu'ils ne cessent de poursuivre. Et si le dernier album en date (Disaster) laissait entrevoir quelques aérations, aussi minimes fussent-elles, Reflect Your Pain est un condensé de béton, plus noir et dur que jamais. Six tranches bien épaisses et vindicatives. On peut reprocher le caractère impénétrable et trop homogène (une constante chez Membrane), la fâcheuse impression parfois de tourner en rond mais Reflect Your Pain est méchamment radical et il finit implacablement par te soumettre à son joug infernal. Des titres longs, torturés qui ont depuis longtemps laissé de coté Unsane pour embraser les territoires de Breach, le lyrisme brut d'un Neurosis et une touche d'ouverture avec un chant féminin bienvenu (celui de Flo d'Impure Musik) à la fin des huit minutes de Breath qui n'avait jusque là laisser aucune opportunité de reprendre son souffle ou tout au long de Lonesome. Membrane est passé maître dans l'art des rythmes ralentis par lesquels suinte une tension asphyxiante, construire un mur de riffs patiemment incendiaires, élaborer des couches de pressions qu'ils entassent jusqu'à l'hystérie, jusqu'à ce que le corps n'en puisse plus et explose de milliards de bouts de verres comme sur la fin de Never Ending ou Leaving A Trail qui met les nerfs en pelote. Reflect Your Pain, fidèle reflet de leurs aspirations éternelles qui ne fait que renforcer un peu plus l'image et l'intérêt indéfectible pour cette formation. SKX (30/09/2015) |