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Lydia
Lunch Retrovirus Urge To Kill LP Rustblade 2015 Le Retrovirus attaque de nouveau et se répand sur un second album dont le titre sonne comme du Unsane ou du Brainbombs. On aurait pu croire que ce virus n'allait frapper qu'un coup avant de se volatiliser définitivement, un coup pour la galerie, une récréation avant de retourner à des choses plus sérieuses mais Lydia Lunch et sa bande ont remis le couvercle. Le principe du jeu est simple. Puiser dans tout le répertoire de Lydia Lunch et le réinterpréter 30 années plus tard avec l'aide d'une galerie de musiciens émérites. Weasel Walter dont on ne compte plus les projets/collaborations mais dont je m'entête à ne retenir que Flying Luttenbachers et aussi l'actuel Cellular Chaos. Bob Bert est toujours de la partie derrière sa batterie (voir la chronique précédente pour le CV). Par contre, Algis Kizys a laissé tomber et est remplacé par Tim Dahl, le bassiste de Child Abuse. Bref, du beau monde, du genre habité par leur mission, des gars qui connaissent leur partition. Urge To Kill balaie ainsi une nouvelle fois tous les doutes sur la pertinence d'un tel projet. Les critiques n'ont pas changé. La voix de la diva n'est plus ce qu'elle était, elle n'électrifie plus nos sens comme au siècle dernier, les reprises ne dépasseront pas les originaux, blablabla. Mais si on arrête deux secondes de regarder dans le rétro, de comparer présent et passé en prenant Urge To Kill pour un album à part entière, il tient admirablement bien le choc. Il ne souffre pas de rhumatismes, ne sonne pas vieux et en démontrerait à pas mal de petits jeunes noise-no-wave-punk-goth singeant les groupes d'une époque qu'ils n'ont jamais connue. Surtout qu'en fait, certaines reprises n'ont rien à envier aux originaux, leur donnant même parfois une deuxième vie étonnante. Des reprises avec plus de puissance, de bruit, de chaos et moins d'étrangeté (pas de paroles à l'envers par exemple à la fin de Snakepit Breakdown), de trouble et de malaise mais cette relecture, bien que fidèle aux originaux, possède du nerf, de la cuisse et de l'épaisseur. Surtout quand on sait que ces neuf titres ont été enregistrés en une journée en live dans un studio. La première prise est toujours la meilleure. En plus, Lydia Lunch revisite des disques qui n'avaient pas été abordés lors du premier volume. Et pas n'importe quel disque avec Honeymoon Killers (publié en 1987 et sur lequel figure une partie de Birthday Party ainsi que Thurston Moore) dont deux morceaux sont repris, Fields Of Fire et un superbe Three Kings, ainsi que le EP Limbo sorti en 1984 avec là aussi deux reprises, Some Boys et les sept minutes de Still Burning aussi incandescentes que Three Kings. L'incontournable album 13:13 (1982) est encore une fois représenté avec Snakepit Breakdown et Lock Your Door tout comme Queen Of Siam (1981) avec le grinçant Tied And Twist. Dans le rayon plus pointu, Dead Me You Beside, de sa période 8 Eyed Spy, est déterré et pour finir, Lydia Lunch ne reprend pas un titre de son répertoire. Une vraie reprise, le Frankie Teardrop de Suicide. Une version existait déjà sur un split 10'' avec justement Suicide en 2008. Cette nouvelle version est rallongée et je dois avouer qu'ils s'en sortent avec les honneurs sur ce génial classique pas évident à aborder avec ce rythme typique que Bob Bert fait frétiller avec sa cymbale en mode 250 bpm, une grosse basse distordue répétitive et un Weasel Walter qui se lâche. On en serait presque à espérer que le virus attaque une troisième fois. SKX (09/07/2015) |