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Cela fait plusieurs semaines (plusieurs mois) que je tente en vain de chroniquer Ütopiya ?, le deuxième album de Oiseaux-Tempête, et que je n’y arrive pas tant ce disque me laisse ambivalent, entre attraction et ennui, mais peut-être bien que je finirai par y arriver un jour – le patron, lui, refuse carrément de s’y coller. Ce n’est donc pas sans lâcheté ni sans facilité que je me rabats sur Le Réveil Des Tropiques (Frédéric D. Oberland et Stéphane Pigneul sont des membres communs aux deux groupes) et sur ce troisième volume de la série Hallucinations Scéniques. Effectivement, Le Réveil Des Tropique a précédemment publié le très chouette LP Hallucinations Scéniques vol 1 (encore et toujours chez MusicFearSatan) ainsi qu’une cassette portant elle fort logiquement la mention de volume 2 (et que je n’ai jamais écoutée).

La musique du Réveil Des Tropiques est instrumentale et très largement improvisée et, malgré toute la réussite de ce qui constitue à ce jour le seul et unique (double) album studio du groupe, il convient d’affirmer que c’est en concert que cette musique prend réellement son essor et tout son sens. Sortir donc des enregistrements live portant simplement le nom de la ville où les dits concerts ont eu lieu (ici : Perpignan et Bricquebec, lors du France Implosion Tour au printemps 2013) est une bonne idée. La particularité de ce Hallucinations Scéniques vol 3 est qu’il ne comporte qu’un court extrait des deux concerts en question mais que par contre un coupon de téléchargement joint avec le disque permet d’avoir accès à la totalité des deux concerts, soit près de 2h20 de musique et de quoi remplir jusqu’à la gueule un triple LP façon Grateful Dead. Motif économique ou pas on s’en fout, l’idée intrigue quelque peu parce que chez Le Réveil Des Tropiques, on prend son temps pour installer sa musique et pour la faire évoluer, la durée est un élément essentiel du psychédélisme bruyant et chargé du groupe.

J’hésite donc à parler ici uniquement de ce que l’on peut découvrir sur cette galette ou plus généralement de la totalité des deux concerts. Parce que l’écoute du 7'' est plaisante mais sans plus. On attend forcément ce qui pourrait venir après, on se demande aussi peut-être ce qu’il y a avant et la frustration n’est pas loin. Ce phénomène est palpable sur les deux faces du disque même si on finit par s’y faire, c’est-à-dire même si on peut, en se forçant un peu, beaucoup, écouter ces deux extraits non pas comme des échantillons mais comme des « moments essentiels » des deux concerts (que l’on a toutefois du mal à retrouver, ahem). Par contre les écoutes intégrales des concerts donnés à Perpignan et à Bricquebec changent considérablement la donne. Le Réveil Des Tropiques s’y montre particulièrement en verve (j’ai toutefois une préférence pour celui de Perpignan) et déballe toutes ses spécificités, une par une : des guitares à la fois aériennes et massives, une rythmique basse/batterie en forme de colosse et tout un patafatras d’effets et de zigouigouis sonores. Un vrai festival de kraut rock mâtiné de post rock halluciné et de griffures noise. Pour qui connait déjà la musique du groupe et a déjà vu Le Réveil Des Tropiques en concert l’intégralité de Hallucinations Scéniques vol 3 ne bouleversera certes pas la donne mais ces deux concerts méritaient très certainement d’être diffusés comme il se doit.

Hazam (21/12/2015)