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La Race
4 cm De Mon Amour – LP
Animal Biscuit/Et Mon Cul C’est Du Tofu/Tanzprocesz 2014

Enregistré en septembre 2013, 4 cm De Mon Amour, premier véritable album de La Race, aura mis plus d’une année à être publié. Inutile que je te fasse le coup des longs mois de murissement, de pourrissement puis de putréfaction : ce disque a été gravé tel quel, comme il a été enregistré, en live, sans prises supplémentaires inutiles, sans rajouts à la con, sans artifices, digne témoignage d’une crasse sonore sans beaucoup d’équivalents. Et pour avoir eu la chance de voir La Race jouer quelques jours à peine avant l’enregistrement de 4 cm De Mon Amour, je peux témoigner que ce disque ne triche pas, tout comme La Race en concert est cette énorme déflagration nihiliste qui te prend sauvagement à la gorge pour la relâcher aussitôt, parce que non, décidemment, la gorge ça ne fait pas assez mal ; alors c’est à ton bide que le groupe s’attaque, il te l’ouvre en deux, il tire sans retenue sur tes intestins débordant de merde et te les enroule autour du cou pour mieux te faire sentir cette part de toi que tu refuses toujours d’admettre, pour te faire gerber de dégoût, pour t’humilier, te piétiner et t’étrangler finalement, retour à la gorge, collier de merde et d’inhumanité comme dernière couronne mortuaire pour zombie ordinaire.

Cette chronique pourrait s’arrêter là et ce serait largement suffisant.

Mais quand même, pour celles et ceux qui n’ont pas suivi les quelques épisodes précédents : dans La Race on trouve un Romain au chant (anciennement guitariste chez Headwar), un autre Romain à la batterie (lui est toujours batteur chez ces mêmes Headwar) et un Pavel à la guitare (qui officie en solo sous le nom de Klaus Legal, ancien Death To Pigs, ex Halgus Valgus et toujours dans Judas Donneger). Et mine de rien je viens juste de citer quelques uns des groupes parmi les plus barrés du coin – OK, il y en a d’autres. La Race, c’est donc un genre d’incantations au mal pour messe noire au fond d’une décharge sauvage servant de charnier à chiens à un laboratoire de recherche dermatologique. C’est la certitude que ces trois types, là ensemble, vont dégainer leur lame la plus rouillée possible pour te dépecer de haut en bas et te mettre à vif à longueur de compositions répondant – c’est vrai – toujours aux mêmes schémas primordiaux : une guitare complètement déshumanisée et plus proche de l’outil de scarification voire de mutilation ; une batterie aussi monolithique qu’implacable, désossée comme pouvait l’être celle d’Arab On Radar mais dotée d’une puissance de frappe encore plus éprouvante et souvent plombée façon indus tribal ; et une voix, la voix d’un type qui hurle à s’en faire péter les cordes vocales, une voix rocailleuse mais pas seulement, une voix de tourments mais pas que, la voix d’un démon de souffrances qui dégueule ses maux dans un flot incessant de paroles quasi inintelligibles.

Inintelligibles bien que parfois un mot ou un bout de phrase surgisse sans détour. Comme une lame qui brise le mur de la rage, de l’incommunicabilité et de l’effroi pour mieux se planter dans ton oreille et en faire couler ce précieux sang gluant de vie qui réchauffe ta peau avant de la flétrir. Des mots qui ne disent pas l’horreur – ce serait beaucoup trop simple – mais s’attaquent directement à toi. Parce qu’en fait, l’horreur c’est toi. Et personne d’autre. C’est toi qui gis là dans une mare de merde, de pisse et de sang. C’est toi qui es en train de pourrir. C’est toi qui fais pourtant semblant de rien. C’est toi qui es incapable d’aimer. Sale race.

Hazam (17/03/2015)