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Kowloon
Walled City Grievances - LP Gilead Media/Neurot 2015 Je ne sais pas quels sont les griefs de Kowloon Walled City mais Grievances n'a pas grand chose contre lui. Au premier abord, ça sent la redite, c'est du Kowloon Walled City, aucun doute là-dessus. Reviens alors en mémoire Container Ships, leur précédent album trois ans plus tôt et cette désagréable impression que le groupe de San Francisco flirtait dangereusement avec les limites d'un genre qui voit passer beaucoup de groupes, celui d'un noise-rock sludge plombant qui avait tout dit. Kowloon Walled City n'a pas changé de catégorie. Et pourtant, dès les premiers accords de Your Best Years, on est comme happé par ce disque. Une attirance toute simple mais profonde. Et c'est ce qui frappe et envoûte sur Grievances. Ce dénuement de plus en plus prononcé, cet abattement qui tombe sur les épaules, une tristesse par laquelle il est agréable de se laisser porter, voir se laisse couler, des compositions qui n'ont pas besoin d'en faire beaucoup pour vous faire plonger dans les méandres de leur sombre beauté. La redite n'est finalement pas si évidente. Kowloon Walled City accentue les contrastes entre les parties calmes, poignantes et les explosions de moins en moins nombreuses, entre les mid-tempo, voir les passages sans batterie et les coups de butoirs qui n'en sont que plus remarqués et remarquables quand ils débarquent. Une sourde tension continuelle, sans vraiment de haut ni de bas, des plages mélancoliques construites avec de superbes parties de guitares et des éruptions électriques pleinement contrôlées, avec toujours cette lourdeur et puissance propre au monde hardcore d'où ils viennent. Ce qui fait dire que Kowloon Walled City se situe pile au milieu entre Slint et Neurosis. Ça peut paraître osé mais je n'arrive pas à m'enlever de la tête ces deux groupes à l'écoute de Grievances. Après trois albums, Kowloon Walled City épure son propos et gagne considérablement en justesse. Le parfait équilibre entre une lourdeur de malade et une ténébreuse fragilité. Grievances fait des ravages et apaise dans un mouvement identique. Le chanteur-guitariste Scott Evans qui s'occupe toujours de l'enregistrement de son groupe ne l'a jamais aussi bien fait sonner. Les breaks sont monstrueux, cette lourdeur flotte comme par enchantement, la basse rentre dans le gras sans faire saigner, les arpèges arrachent des cris, une violence contenue parfois insoutenable, ça donne envie de hurler avec les loups, seul sur son rocher et rarement un album à l'aura aussi classique et évidente n'aura procuré de tels frissons. Leur meilleur album à ce jour, haut la main. SKX (18/12/2015) |