hammerhead






Hammerhead
New Directionz - LP
Back Wall 2015

Paul. Jeff. Paul. Les trois inséparables Hammerhead séparés pendant plus de quinze ans définitivement réunis pour le meilleur et pour le pire. Après la remise en route Global Depression, le trio de Minneapolis revient avec autant de titres mais avec deux fois plus de temps et surtout trois fois plus de poids. Hammerhead n'hésite plus à étaler sa rage au-delà des cinq minutes sans perdre une once d'intensité. Ça doit être l'école Vaz qui est passée par là, celle qui transforme le noise-rock le plus abrupt en école de la dissonance classieuse, celle qui permet de se libérer des contraintes d'un style pour déjouer les pièges et foncer dans le tas avec discernement.
Hammerhead fait du Hammerhead, la patte est là, la force motrice incomparable de la batterie de l'inusable Jeff Mooridian Jr. fait une nouvelle fois des ravages. Mais Hammerhead va aussi plus loin ou différemment, j'en sais foutrement rien en fait parce que l'essentiel, c'est que Apollo Liftoff et ses deux comparses continuent de nous embarquer sur leur drôle de galaxie comme des chiens enragés à la poursuite de l'immortalité. Alors les riffs tombent, Jeff croise les baguettes, rafale la caisse claire et la transe est repartie. Car s'il faut prendre le titre New Directionz au pied de la lettre, c'est vers ce sentiment nouveau d'un Hammerhead en mode cyclone longue durée qu'il faut se diriger. Structures rallongées pour faire tourner et retourner encore les rythmes, jusqu'à donner l'envie de danser sur le chaud Melted Moon, faire monter la pression avec précision et ce talent inégalable pour imprégner chaque morceau d'une aura mélodique qui rend dépendant. Hammerhead développe ses moyens, ose des lignes de guitare qu'il n'aurait pas oser auparavant (Age Of New Troll ou D1, Highway Of Death), abaisse le niveau d'alerte sur des passages plus appuyés que frénétiques, ajoute du synthé aux sombres intentions et un peu de bizarrerie comme sur la très belle fin de l'excellent Zooid. Et fait péter le score sur les neuf minutes finales de STE-001 (Vlad All Over) au rythme plus lancinant, une compo comme touchée par une mélancolie qui ne dit pas son nom et irriguant en sous-main l'ensemble du disque. Hammerhead ressuscite les moments les plus abrasifs de Into The Vortex, mythique deuxième album d'Hammerhead en 1994 tout en poursuivant de nouveaux territoires à défricher. I'm getting old, you're still young qu'ils disaient sur All This Is Yours. Hammerhead n'a plus d'âge et ce nouvel album les montre toujours en très belle forme.

SKX (21/11/2015)