gabrielhibert





Gabriel Hibert
Désenvoûtement – CDr
Self-released 2015

Désenvoûtement, c'est effectivement ce dont aurait besoin Gabriel Hibert tant son nouvel enregistrement semble possédé par des forces obscures. Des pratiques paranormales qui l'ont rendu dingue, une suractivité rythmique, des convulsions, de la bave blanche, des chocs frontaux entre batterie, basse, guitare et machines infernales avec des voix trafiquées, à l'envers, démoniaque.
Son troisième album toujours aussi auto-produit fabriqué maison à la main avec amour (respire) débute par le bruit de craquements d'un vinyle, le morceau s'appelle Envoûtement, le rythme est de l'ordre du trip-hop halluciné, haché par un orgue funeste. Le mauvais œil est sur lui. Il en découle huit titres où la bataille avec les démons fait rage. Huit titres comme un seul, de l'ordre de la minute à deux maximum, succession de rythmes accidentés, d'une basse qui te rentre dans le lard, de dérèglements, de graves secousses, de structures azimutées frôlant la folie, voir la touchant du doigt en plein cœur comme sur Trame et la sauvage impression d'être embarqué dans une énorme lessiveuse sur ressort avec son piano délirant sur la fin. Collage de sons, triturations en tout genre, la musique de Gabriel Hibert pourrait rapidement partir dans tous les sens. Mais ce qu'on retient principalement, c'est de se prendre une multitude de beignes en un minimum de temps, d'être confronté à un cogneur dont tous les coups font mouche avec assurance, une noise expérimentale et originale qui frappe dur et juste avec juste ce qu'il faut de fièvre et une durée idéale de vingt minutes pour être à son tour possédé. Possession qui prend fin avec le dernier morceau, le bien nommé Désenvoûtement. Presque cinq minutes pendant lesquelles la bataille finale contre les démons s'engagent avec l'aide d'un chant féminin. Le retour à la vie normale n'est pas encore de tout repos, la folie guette mais ce morceau agit comme une expiation de tous les pêchés, une longue libération qui ne fait que monter vers un peu plus de clarté, amen.
Un disque publié à 80 copies, il en reste désormais 79. Dépêchez vous de vous procurer votre exemplaire et une gousse d'ail.

SKX (19/06/2015)