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Girl
Band Holding Hands With Jamie LP Rough Trade 2015 Après toute une série de singles, un maxi, un single uniface et même un flexi, le tout en édition limitée pour faire monter les enchères, une signature chez Rough Trade et tout un buzz qui se créait autour de ce groupe, je ne donnais pas cher de la peau de ces Irlandais malgré l'excellence d'un Lawman ou de France 98. Ravale tes sarcasmes. Girl Band n'a pas mis de flotte dans sa Guiness, n'a pas calculé, n'a pas cherché à amadouer le chaland et a enregistré dans l'urgence et en deux jours au retour d'une tournée américaine un premier album joyeusement agressif et chaotique. Une énergie sauvage et juvénile qu'ils n'essayent pas de dompter. Le bruit s'échappe par tous les porcs d'instruments largement malmenés. Comme un tapis sonore de triturations grouillantes qui tente sans cesse de perturber la bonne marche des compositions. Un mélange de noise foutraque, répétitive, débordante avec des rythmiques qui ne sont pas sans rappeler la techno tendance décérébrée (si vous pensez à Lightning Bolt, vous n'avez pas complètement tort) dans la lignée de leur titre Why They Hide Their Bodies Under My Garage ?, une reprise de Blawan (artiste anglais catalogué dans la sphère electro-techno) qu'on retrouve sur la compilation The Early Years. Le tout en insufflant de subtils accroches mélodique au bordel général. Pears For Lunch, The Witch Dr. ou le très court The Last Riddler, c'est du morceau qui bastonne, droit devant, batterie métronome et guitare qui cisaille dans des éclairs de saturations et sur lesquels surfe la voix braillarde ou scandée de Dara Kiely dans le rôle chef de meute. Après, les mecs ont beau avoir l'air de jeunes chiens fous, ils savent mettre du contraste, du relief, de la dynamique pour amener à l'extase comme sur Paul (qui vient de sortir en version maxi avec une face B inédite The Wrath of Nick Berry), morceau phare avec un groove rigide qui fait monter la tension pour tourner à l'hypnose bruyante au bout de ses sept minutes dorées. Autre morceau conséquent, Fucking Butter dont la durée équivalente donne plus dans l'éclatement pour un effet retors et tout aussi prenant. Holding Hands With Jamie, sauvage mais sous contrôle. Généreux mais tourné vers l'efficacité. Girl Band confirme ainsi qu'ils savent tenir la longueur même si on sent qu'ils sont capables de faire encore mieux. En attendant, cognez vous cet album. SKX (19/11/2015) |