filiamotsa
aagoo
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Filiamotsa
Like It Is CD
Aagoo 2015
La technique des nancéiens de Filiamotsa est désormais connue
et bien rodée. Faire croire qu'ils sont deux mais débarquer
à chaque fois avec une ribambelle de musiciens invités,
intérimaires, permanents, récidivistes, c'est au choix,
tout le monde est le bienvenue. Á tel point que pour ce quatrième
album, Emilie Weber (violon) et Anthony Laguerre (batterie) n'ont pas
tranché. Ils ont invité tous les musiciens de leurs précédents
enregistrements. Véronique Mougin (claviers), Antoine Arlot (saxophones)
et Youssef Essawabi (trombone) de l'album Filiamotsa
Soufflants Rhodes. Philippe Orivel (violon et claviers) présent
sur Sentier
Des Roches. Et ils en ont rajouté deux autres et pas des
moindres, le guitariste rennais Olivier Mellano et le chanteur hollandais
G.W. Sok. La somme des talents et la quantité ne garantissent pas
la qualité mais là, c'est feu d'artifice à tous les
étages, leur disque le plus réussi, loin devant les autres
albums qui possédaient déjà beaucoup d'atouts.
La faute à des compositions, toutes les compositions, rivalisant
de profondeur et de vitalité, à la fois mélancoliques
et farouches. Chaque titre possède sa personnalité mais
semble tirer dans le même sens, celui qui est de vous retourner
les tripes à chaque instant, faire frétiller les cordes
sensibles, vous chambouler entre longues secousses ou montées poignantes,
des vagues successives qui assaillent par couches et laissent sur le carreau
avec des mélodies imparables. Le gros changement de Filiamotsa,
c'est surtout le chant présent sur toutes les compositions, mettant
au rencart les tentatives vocales du batteur sur Sentier Des Roches.
G.W Sok avait déjà fait une apparition sur lalbum
d'avant avec le morceau 4QSO. Cette fois-ci, il déclame
ses paroles de sa voix unique sur les sept titres, donnant une coloration
plus rock à Filiamotsa, tout comme les attaques de guitare de Mellano.
Et toutes les attaques de cordes en général.
Il en résulte un album plus spontané bien que écrit
et orchestré à l'instar de The Little Shop, morceau
d'ouverture avec la présence d'autres invités, le Quatuor
BruXello, pour un surplus de cordes. Un album plus rock prenant parfois
des allures de The Ex quand ils se produisent avec l'Orkest, une symphonie
puissante et enlevée. D'ailleurs, Filiamotsa a écrit son
State Of Shock à lui. Il se nomme Madsummer Midness,
morceau sublime d'une tension continue, entre roulements de tambour, clavier
inquiétant, enchevêtrement de cordes en tout genre, lacération
de violons, arpèges princiers pour une compo s'envolant dans les
limbes de l'exaltation avec l'intervention des cuivres et les violons
qui s'embrasent. Incendie généralisé.
Et des moments enivrants emportant tout sur son passage, Like It Is
n'est que ça. Des State of Shock partout. Le jeu des cordes
et des claviers se répondant sur un riff cyclique, les cuivres
qui rendent plus beau et toujours ce sens du drame noir et tendu qui ne
fait pas mine sur le grandiose The Bus Is Late Again. Le périple
répétitif et grandissant de cordes qui prend peu à
peu possession d'un très beau Sleepy Tigers qui ne touche
pas le sol et les They will fuck you tranquillement assénés
par G.W. Sok. Les dix minutes de Maybe laissent également
une trace indélébile dans le royaume des compos qui comptent
avec sa longue, majestueuse et tourbillonnante montée résumant
bien toute la palette de sentiments bouillonnants et étreignants
d'un disque pris en flagrant délit d'une incroyable verve créatrice.
En point d'orgue, le plus abstrait et poétique Song donne
sa dernière touche de lumière à un album tout simplement
incontournable.
SKX (15/07/2015)
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