feedtime
subpop



feedtime
Flatiron 7''
Sub Pop 2015

Vingt ans. Presque vingt ans de silence et revoilà feedtime. Avec un f minuscule. Toujours. Comme un consentement inéluctable, accepté dès la naissance, que ce groupe ne saura jamais majeur. Suffit de regarder la pochette de ce single. Trois types les mains dans les poches, dans une ruelle d'arrière cuisine, près des poubelles. Un groupe de Sydney pourtant cité comme influence par Nirvana et Mudhoney mais un groupe de second plan, un groupe enfoui dans la scène australienne qui n'a jamais soulevé l'enthousiasme tout au long d'une discographie comprenant cinq albums dont le dernier, Billy, fut publié sur Amphetamine Reptile après un break de sept ans. Déjà. Mais même sur ce label qui avait pourtant la cote en 1996, feedtime n'a récolté que des cacahuètes.
En 2012, Sub Pop s'est attaqué au catalogue du trio australien. Réédition des quatre premiers albums (seul manquait à l'appel Billy) avec des singles en bonus dans un coffret portant le nom de The Aberrant Years, soit le nom du label australien qui avait vainement tenté de faire connaître feedtime entre 85 et 89. Seule une poignée d'indécrottables avait succombé et parmi eux, les mecs de Sub Pop. Alors poussé par un vent favorable et une mode à la reformation qui devient une dangereuse routine, feedtime sort de sa retraite et aligne deux nouveaux morceaux. Et le plus dingue, c'est que depuis tout ce temps, rien n'a changé. Comme si feedtime était toujours en 1985. Ou 96. Et c'est une putain de bonne nouvelle. Un punk-rock-noise rustre et minimaliste qui n'a pas d'âge. Une rythmique mécanique, une basse qui gondole, le chant du guitariste Rick au timbre immuable, chargé en clope, en mauvais whisky et en désillusions. Deux titres, Flatiron et Stick Up Jack dans la droite lignée d'albums qui se la jouaient à la Lungfish, c'est à dire un peu, beaucoup, toujours pareil. Et c'est un vrai bonheur de les retrouver avec trois accords obtus, noirs et sans espoir, un rouleau-compresseur rocailleux de chiens galeux qui ne se la racontent oh grand jamais. Straight to the point. Dans toute leur misérable misère. Et qui ne va toujours pas soulever les passions. Rebienvenue à eux.

SKX (07/03/2015)