eastlink
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Eastlink
Eastlink LP
In The Red 2014

Eastlink, c'est de l'Australien, encore et toujours, mais on ne saurait s'en lasser tant que la drogue est bonne. Ce deuxième album est également connu sous le nom de Mullum Mullum, soit la vallée dans la banlieue de Melbourne qu'une autoroute appelée Eastlink a saccagé pour apporter vitesse et modernité et dont on peut voir l'entrée d'un tunnel sur la pochette.
Eastlink, un groupe de Melbourne qui n'est que pléthore de musiciens œuvrant dans au moins quarante-douze autres formations. Les plus connues seulement seront citées : UV Race et Total Control pour Al Monfort à la batterie et au chant ainsi que Total Control pour Zephyr Pavey alors que Johann Rashid fait des vidéos pour UV Race et chante dans Home Travel. Les deux autres sont Lee Parker et Ben Hepworth jouant respectivement dans Lakes et Repairs. Et quand tout ce beau monde se retrouve, ça donne un groupe avec quatre guitares, sans basse et beaucoup de raffut. Il n'y a pas que la vallée de saccager.
Il serait facile de mettre ce groupe sous l'étiquette garage-rock, autant par une commode affiliation aux multiples autres groupes des membres de Eastlink que par une esthétique sonore qui ne fait pas dans la dentelle. Et d'ailleurs, certains morceaux comme What A Silly Day (Australia Day) ou Gina collent assez bien à cet univers de riffs rock grésillants, fumants sous la saturation et entraînants. Mais avec quatre guitares, les possibilités sont nombreuses. Et le garage-rock, ils l'explosent, l'étalent, le subliment, le triturent dans tous les sens et à toutes les sauces. Déviances généralisées. Burn The Flag. Épaisseur, émulsion granuleuse, saillie dévoilant des champs de désolation, surcouches de scories crépitant sous le soleil pointant de ses rayons une léthargie plombante et des accents traînants. Les sept minutes trente de Dinnerchat fument un psychédélisme routier dans la nuit noire éclairée au néon blafard, longue ballade traçant une ligne droite menant directement au ciel des accidentés de la vie. Overtime sort le saxophone (mais c'est peut-être une hallucination auditive au milieu d'un chaos imminent) et tire une complainte enragée. Saxo jouant les prolongations sur Scat, merveille de mélancolie bruitiste vérolant l'ambiance. Quant aux deux derniers titres, ils sont également le reflet d'une musique en générale primaire, répétitive, véhiculant une humeur sombre et irascible, même si l'instrumental de fin Thatcher's Dead finit par tourner en rond. Deux instrumentaux supplémentaire en forme d’interludes (Eastie Shit et Eastie Zoom 1) pour brouiller les pistes et varier encore plus les ambiances, le garage-rock a définitivement voler en éclat. Eastlink, c'est pas une autoroute, c'est un chemin tortueux semé d'embûches, claustrophobique avec quelques raies de lumière pour respirer et une bonne dose de rock'n'roll pour triper sous la lune.

SKX (21/01/2015)