cuntz
homeless
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Cuntz
Force The Zone LP
Homeless 2015
Troisième album
pour les Australiens de Cuntz dont le patronyme jugé trop offensif
à l'égard de la gente féminine leur a valu quelques
problèmes lors de leur récente tournée dans la prude
Amérique et l'annulation d'un concert à Seattle. Il en faudra
plus pour nous choquer.
A ce titre, seule la musique pourrait suffire. Cuntz frappe fort. De préférence
en bas du ventre. Voir en-dessous de la ceinture. Pas de grands bouleversements
par rapport aux derniers albums Solid
Mates et Aloha mais un lent glissement de terrain vers
des attaques plus franches, plus saignantes tout en réussissant
le tour de force d'aligner une bonne poignée de morceaux plus mélodiques
et diaboliquement entraînants. Un riff, un seul mais le bon à
chaque fois dans des compos qui ne s'étendent jamais. Cooked
(sorti en single
dans une version légèrement différente et pas aussi
percutante), Chinese Dream Boat, Tanning, Tired,
Nah Man (précédé d'un très court morceau
Nah qui n'a pourtant rien à voir), les convulsions et les
compos éclatées ont laissé place à des titres
qui filent droit en moins de deux minutes, déplaçant le
curseur du rock d'un baromètre noise vers celui d'un garage-punk
sardonique qu'un synthé tente toujours de régulièrement
perturbé en tâche de fond. Tired est le plus bel exemple
d'un Cuntz qui donne envie de danser, même à quatre pattes,
plus coulant et sautillant que jamais. Et ça leur va très
bien au teint car leur guitariste possède un beau brin de talent
et des dérapages de cordes finement aiguisés en de multiples
parties. Cuntz aime aussi les répétitions, du plan s'enfonçant
dans la caboche pour ne plus en ressortir (et que vous finissez par siffloter
toute la journée) à l'instar de Nah Man ou Factory
Floor dont le seul titre est répété 36 fois (oui,
j'ai compté, j'ai que ça à foutre) en trois minutes.
Il faut toute la science du chant dégoutier pour donner une
coloration plus crade et mordante à une face A qui passe comme
une bourrasque rock'n'roll vivifiante dont je ne pensais pas Cuntz capable.
Sur la face B, les quatre gars de Melbourne remettent du bordel dans leur
tambouille avec les cinq minutes de Grill qui à coup sûr
nous font repasser dessus. Pissed Jeans repointe le bout de son nez, le
chanteur vomit sa bile, le rythme mid-tempo fait ressortir tout le fiel
et la perversité d'un Cuntz n'ayant rien perdu sa folie rampante
et son amour de la dissonance et du larsen dont le plus bel écho
se trouve dans le dernier morceau. Cooked II, énième
version, finit dans le fatras (un poil long) de sifflements, voix samplées
et autres stridences/gros bordel ressemblant à un locked groove
alors que Cuntz aime juste quand ça ne tourne pas rond. Entre les
deux, Cuntz aura encore eu le temps de montrer qu'il reste un groupe sauvage
avec la minute de Mould (un hommage à Bob ?) et les deux
morceaux démembrés et hirsutes que sont le sarcastique Internet
(Connect) et l'excellent Evil.
Un Cuntz semblant à deux vitesses, comme un album de transition
ou alors signe que Cuntz enrichit sa palette. Et elle est toujours superbe,
faisant de Force The Zone un des meilleurs brûlot punk-rock-garage
de son pays. Et bien au-delà.
SKX (10/11/2015)
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