cretin
relapse









Cretin
Stranger – LP
Relapse 2014

L’existence de Cretin est très longue et plutôt tumultueuse. Formé en 1992 du côté de la Californie, le groupe – tardivement devenu quatuor avec l’arrivée de la guitariste Elizabeth Schall pour l’album Stranger – n’a publié son premier méfait qu’en 2004 (le quatre titres Cretenic Greed Ambush) et son premier véritable album qu’en 2006 (Freakery, ces deux disques ont été publiés par Relapse). Cretin, groupe fondé par des potes de lycée fans de metal extrême et de grind, a tout simplement été victime des imprévus de la vie, comme l’impossibilité à ses débuts de trouver un batteur digne de ce nom, la défection du bassiste Matt Widener qui partira en 1994 rejoindre les affreux Exhumed (groupe d’où il débauchera, bien des années plus tard et après un sérieux pétage de plomb, le fantastique batteur Col Jones), séparation, etc. Que du banal ou presque. Mais le dernier membre – si je puis dire – de Cretin dont je dois encore te parler n’est autre que Dan Martinez, le guitariste et le chanteur du groupe. Enfin, était, puisque Dan a un beau jour décidé qu’il était une femme, s’est fait opérer, a fait toutes les démarches légales pour obtenir la validation de son changement de sexe et s’est marié à un bel homme. Ce qui en fait – l’intéressée le clame bien haut et bien fort – le premier transsexuel du metal qui fait mal par où il passe. C’est donc Dan qui beuglait et jouait de la guitare sur l’album Freakery et c’est Marissa Martinez-Hoadley qui fait exactement la même chose sur Stranger et il n’y a absolument aucune différence. Tu en doutais ? Moi non. Et je vais même te dire que je trouve Marissa Martinez-Hoadley vachement bonne dans le genre.

Bon, maintenant que j’ai réussi à placer trois ou quatre remarques dégueulassement macho-sexistes et malheureusement complètement dans l’air du temps à une époque où tous/toutes les suce-bites et tous/toutes les lèche-touffes devraient pourtant pouvoir se mélanger quelle que soit la couleur de leurs poils et sans que rien ni personne ne trouve quelque chose à y redire (mais on en est vraiment loin), je vais quand même un peu causer de la musique de Cretin. Le groupe joue du gros grind qui tache, à cent à l’heure et à l’ancienne. Avec une pointe de death pas dégueulasse du tout dedans, à l’ancienne là aussi. Et tout ceci est tellement old school qu’il faut remonter jusqu’à Repulsion, inventeur américain du genre et, selon les musicologues, première formation à avoir mis du blast dans sa musique – oui, avant Napalm Death et consorts. La référence à Repulsion – je signale aux incultes que Relapse a publié il y a quelques années une excellente anthologie de ce groupe inestimable et mythique – n’est absolument pas fortuite puisque Cretin ne s’en est jamais caché et surtout Col Jones a intégré le nouveau line-up de Repulsion lorsque le groupe s’est reformé. On nage donc en plein auto-référencement et Cretin, question originalité, n’a ainsi aucune chance de s’en sortir. Stranger est cependant un très bon album, carré et couillu (si si), et ne bénéficiant surtout pas d’un gros son tout propre qui met tout au même niveau, là aussi ça sent bon la be roots attitude, les odeurs de pieds et de petites culottes usagées. Je ne vais donc absolument pas bouder mon plaisir, ces deux meufs et ces deux gars font parfaitement bien leur boulot et Stranger est ni plus ni moins qu’un bon disque de grind à l’ancienne émaillé de breaks hallucinants de sauvagerie. Ça joue terriblement bien mais sans en rajouter, les quelques solos de guitares sont incisifs (il y a même un solo de basse…) et le batteur Col Jones n’a rien perdu de sa splendeur rythmique. Jouissif dans son genre.

Hazam (16/02/2015)