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Couch Slut
My Life As A Woman – LP
Handshake Inc. 2014

C'est avant tout l'histoire d'une pochette dont j'espère que vous gouttez tout le sel. Un disque datant d'octobre 2014 mais qui, techniquement, n'a été publié que début février 2015. En cause, de prudes imprimeurs américains qui ont tous refusé de faire le boulot. Canadiens compris. Cachez cette bite baveuse que je ne saurais voir. C'est finalement en République Tchèque que cette très expressive pochette de Leandro De Cotis a vu le jour. Alors, encore un groupe de gros dégueulasses, de phallocrates à guitares hurlantes qui font dans la provocation facile avec, pour ne rien gâcher, un nom de groupe très fleur bleue ? Oui mais voilà, l'album s'appelle My Life As A Woman, le chanteur est une chanteuse et une autre fille officie à la guitare dans ce groupe qui en comporte deux pour en tout cinq membres crachant à la gueule une grosse giclée de musique hyper bandante.
Et avec des titres comme Rape Kit, Split Urethra Castle, Little Girl Things, à lire les quelques lignes à l'intérieur de la pochette gatefold ou à mater le verso de la pochette, il est fort à parier que les sujets portent moins à la gaudriole et que la femme soit au final moins consentante à se pourlécher les babines que laissait supposer ce magnifique artwork. Remballe le matos.

My Life As A Woman est surtout l'histoire de six titres qui vous retournent les sens. Un noise-rock ultime, disjoncté, punitif, réussissant le tour de force d'être à la fois brutal et terriblement accrocheur, proche de la folie, habité par des démons intérieurs très agités mais brillant d'une lueur similaire au Willpower de Today is the Day, quand une pointe d'humanité émanait sous la sauvagerie, des harmonies sous le chaos, une certaine forme de beauté à vif. Mais plus que la violence du propos, c'est l'impression d'un drame qui se joue devant nous, un rapport à la vie à la mort, une question de survie pour laquelle le groupe new-yorkais se débat avec rage dans une tragédie incandescente, le feu au cul et matérialisé par le chant de furie suicidaire de Megan Osztrosits déchirant l'air comme si elle avait vu la queue du diable, particulièrement flippante sur Lust Chamber avec la voix mâle derrière criant fucking shut up. L'exemple le plus parlant est le phénoménal Rape Kit qui a quelque chose d'Oxbow. Morceau éclaté au rythme plus pesant, une alternance entre les agressions du rythme et des parties mélodiques aussi surprenantes que poignantes, une montée en tension insoutenable, un solo de guitare qui fout la trique et les gémissements, voir de véritables sanglots pour que ça s'arrête de la part d'une chanteuse semblant littéralement revivre un cauchemar. Composition paranoïaque mais ça pourrait être le qualificatif pour les cinq autres morceaux, catharsis autant pour ceux qui les jouent que pour ceux qui les écoutent, noise-rock poussé dans ses derniers retranchements pour lécher les flammes d'une musique plus extrême.
Ajout d'un peu de saxo baryton enregistré en France en 2013 par un certain Davindar Singh sur Replacement Addiction et Carpet Farmer, un brin d'accordéon par Leo Svirsky (mais encore fallait-il le voir écrire dans les crédits !), duel de guitares fiévreuses et diaboliquement inspirées, l'une jouant souvent des accords répétitifs pendant que l'autre écorche la raison ou alors plongeant toutes les deux dans un bain de riffs saignants (hum, cette partie lumineuse au bout de deux minutes sur Replacement Addiction ou la fin de Little Girl Things avec un changement de tonalités), une putain d'affolante intensité à tous les étages et même au-delà et le feu sacré pour écrire des morceaux hallucinants vous ratatinant autant la tronche qu'ils vous transportent dans une autre dimension peuplée de rêves les plus fous pour ce nouveau groupe foutrement orgasmique.

SKX (03/03/2015)