publictone





Conduct
Fear And Desire – LP
Public Tone 2014

Un nouveau groupe Canadien (Winnipeg) qui a la particularité d'avoir déjà existé sous un autre nom. Les quatre membres de Conduct ont tous joué sous le nom de Departures (un album à leur actif en 2012, Still and Moving Lines, jamais entendu). Puis ils en ont eu marre, n'y croyaient plus, ont tout recommencé depuis le début, pris un autre nom et Fear And Desire est né. Mais sans renier totalement le passé si on se réfère à leurs propos dans une interview accordée au zine américain Stylus : There were songs, the first half of Fear & Desire, were played with Departures in different forms. Avec cette moitié d'album, ils ont été rendre visite à Steven Frank Albini à Chicago, ont composé dans l'urgence le reste de l'album et le résultat sonne comme un nouveau départ en grande pompe. Et à deux vitesses qui ne demandent qu'à se rencontrer tant elles affolent les compteurs.
La première face, sans doute encore ancrée dans leur récent passé, ne traîne pas en route. A part le deuxième titre qui porte le même nom que l'album et avec l'invité Tim Midyett (Silkworm et Bottomless Pit) pour donner un coup de main à la guitare, les cinq autres titres tournoient autour des deux minutes. Minutes qui enregistrent la rencontre heureuse d'un post-punk à la Wire (notamment sur Another Measure) et un noise-rock fin, racé et entraînant à la McLusky. Guitares piquantes, rythmes virevoltants, difficile de résister à cet enfilage de perles vivifiantes et rutilantes, à cette touche anglaise en plein milieu du Canada.
Et dire que face B, c'est encore meilleur. Les morceaux gagnent des minutes, Conduct se drape d'une aura plus sombre, plus dure, plus tordu et les quatre titres tombent dans l'escarcelle d'un groupe noise-rock qui s'affermit. Public Issue, ce sont cinq minutes énormes d'un rythme qui ressemble à un cliquetis frénétique, une mécanique sèche et irrémédiable, une pression qui va grandissante matérialisée par un chanteur faisant vibrer toute l’urgence de ses cordes vocales, un riff acéré comme un coup de rasoir avant que tout n'explose dans le feu et le désordre d'une fin qui n'a plus rien à voir avec le début. Idem avec Onibaba. Le titre prête à rire mais les six minutes te font ravaler ton sourire. Conduct, entre Winnipeg et Chicago, a lâché du leste et se permet de partir dans des formats beaucoup plus libres, imprévisibles et habités comme est parfois capable de le faire The Conformists. Reste deux titres, Intermezzo qui est presque synonyme d'intermède mais qui ne rassure pas sur l'état mental du groupe et Contract Killer. Un morceau se trouvant également sur un split single avec Tunic (toujours sur Public Tone records et très prometteur) et ce n'est pas par hasard car ce morceau a tout d'un hit, avec suffisamment d'allure pour frimer tout seul. Toute l'intensité, la science du bruit et la folie qui font les morceaux qui comptent. Saluons la remise en cause des membres de Conduct dont la seconde vie part sous de meilleures et brillantes étoiles.

SKX (31/03/2015)

split Conduct/Tunic 7'' / Public Tone records 2015 :