Coma In Algiers est un groupe d'Austin, composé de six personnes et Happy Forever est déjà le quatrième album d'une discographie débutée en 2007 avec This Is Your Justice. Il est donc grand temps de s'intéresser de près à ce groupe car Happy Forever porte en lui tous les germes pour satisfaire tous les férus de noise-rock tentaculaire. C'est même une sacré bête.
Avec six membres, on peut s'attendre à du bordel dans les grandes diagonales et du bordel il y a. Mais pas que. Deux ou trois guitares, un ou deux synthés qui se confondent parfaitement dans la masse, deux chanteurs pour une excellente alternance entre chant plus rauque et tapageur et chant plus normal mais énervé et intense dans les deux cas, c'est le genre de bordel qui assaille à la gorge mais sans chercher à étouffer, qui remplit chaque espace sans le gaver. Il faut même voir le verso de la pochette pour croire qu'ils sont bien six car c'est loin de s'entendre à chaque fois. Six tronches sagement alignées, assemblage hétéroclite de physiques comme autant de façon d'aborder le bruit.
Avec déluge de notes, boulimie de dissonances et frénésie sauvage façon Racebannon ou un Child Bite moins hardcore. Avec une belle interaction dans les guitares et des montées de mélodies poignantes façon Unwound. Du noise-rock foutraque façon Trumans Water parti à la rencontre de Frodus pour apporter des angles saillants. Par une fine pellicule harmonieuse sous les saturations et des ralentissements de rythmes éclairant la mêlée. Par un sens du bordel organisé flirtant avec la folie comme dans toutes les troupes regroupant des influences très diverses façon Slug (avec qui ils partagent également des accointances musicales) mais qui parle d'une voix unique grâce à un consensus salvateur et étincelant. Coma In Algiers enchaîne les compositions abrasives, tendues, hirsutes, haletantes, de longues chevauchées répétitives et hypnotisantes comme les cinq minutes et quelques de Sexual Beings et Swansea, sans oublier une sève rock'n'roll bouillonnante. Et parfois, toutes ces émotions se mélangent dans un même morceau comme sur le multi-vitesse et flamboyant 95. Ou s'imposent de toute une classe dans des incontournables (Let's Get Married et February). Happy Forever, chronique d'un gros bonheur qui ne demande qu'à être découvert.

SKX (08/04/2015)