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Cheyenne 40
Cinquante – LP
Attila Tralala/Etienne Disqs/Love Mazout/Et Mon Cul C'est Du Tofu ? Tandori 2014

Voici venu le temps des cris et des bilans, oui une année s’est achevée et une autre commence à peine : comme d’habitude le patron de Perte & Fracas se refusera à établir tout Top/Flop 50 de ses meilleurs disques de l’année écoulée et je m’apprête servilement à suivre ses directives dictatoriales, les yeux fermés. Seulement, nous n’en avons pas encore fini avec cette putain d’année 2014 qui nous réserve, j’en mettrais volontiers ma bite à couper, quelques surprises supplémentaires de choix. En tête de gondole de ces fameuses surprises : Cinquante, le premier LP de Cheyenne 40, un disque publié pourtant il y a déjà quelques mois. Cheyenne 40 est un groupe originaire de Lille et qui semble jouir d’un statut tout particulier et d’une aura quasi mystique chez les musiciens autochtones. Tenez, prenez – au hasard – Drive With A Dead Girl et demandez – toujours au hasard – à son guitariste blondinet ce qu’il pense de Cheyenne 40 : il vous répondra, quasiment la larme à l’œil et des sanglots dans la voix que ces types sont des vrais branleurs mais des branleurs géniaux parce que complètement foutraques et psychotiques. On veut bien le croire, sachant que le groupe a confié le mastering de son LP au roi du death grind de chambre, j’ai nommé Mr Marcaille en personne.

Voilà. J’en sais pas beaucoup plus sur ce groupe, si ce n’est qu’il prétend avoir publié un premier album en 1988, qu’il donne des concerts uniquement les soirs de nouvelle lune entre 23h45 et 00h12 et que ses membres se sont eux-mêmes affublés de pseudonymes vaguement évocateurs (Steve Albougnoul, Mounir Hayward, Latrine Ringer…) – une rumeur bien enflée raconte même que Cheyenne 40 est en fait un groupe d’étoiles locales. Bah… stars du kebab du coin ou pas, on s’en fout et il faut bien reconnaitre que ce groupe, aussi faussement mystérieux et aussi localement adulé soit-il, est une sacrée torgnole dans la gueule. En tous les cas ce Cinquante l’est et – j’en reviens à mes obsessions procédurières et cataloguistes – il mériterait de figurer quelque part dans le haut du classement des disques à bordel, dérangés et qui font mal. Parce qu’en gros Cinquante c’est la fête du slip mais le slip est sur la tête et les couilles ballotent à l’air libre. Un peu plus précisément mais pas trop non plus quand même, le musicologue pourrait situer Cheyenne 40 sur une échelle psychotique de force 9, pile poil entre les Butthole Surfers et Arab On Radar. Les délires spongieux des premiers et la précision hystérique des seconds.

Entre ces deux pôles magnétiques, Cheyenne 40 fait preuve d’une constance appréciable dans le n’importe quoi ou, si on préfère, excelle à faire n’importe quoi au lieu de se contenter d’entretenir comme il faut son (gros) grain de folie. Le groupe n’a pas de spécialité si ce n’est celle de surprendre, de donner envie d’en écouter toujours plus et tous les moyens sont bons pour ne pas débander : guitare pousse-au-vice, énergie punk, chant de crooner biafrais sous lsd, synthé tarabiscoté, lignes mélodiques optant pour la trépidation, beauté du chaos, dansabilité limitée mais tangible, cris d’hôpitaux, grincements urbains, appartements dévastés, restants de vomi à côté de la poubelle, incantations zoophiles, humeur de chien, sodomie, surf music dans une cuve à mazout, Death Valley 59, décapitation rituelle de bassiste, requiem pour les cons. Bref, plus j’écoute ce putain de disque et plus je l’aime. Tout simplement indispensable.

Hazam (05/01/2015)



Autre artwork (autant d'inserts différents qu'il existe d'exemplaires ?) :