birdsinrow
waitc
throatruiner








Birds In Row/WAITC
split 10''
Throatruiner 2015

Certains se plaisent à reprocher au label Throatruiner d’avoir imposé au fil des années récentes une sorte de modèle – de maitre-étalon, disons – dans le paysage local du hardcore contemporain et donc de tout niveler sur son passage, un peu à la façon d’un Deathwish européen. Avec des groupes ayant à de rares exceptions près le même genre d’esthétique musicale, sortant des disques souvent enregistrés par les mêmes personnes et dotés de pochettes standardisées plus dark que moi tu meurs, il est vrai que voilà qui alimente grandement le moulin des détracteurs de Throatruiner… je ne vais pas leur donner forcément tort mais par contre dites-moi s’il vous plait qui peut à l’heure actuelle tirer un peu de fierté d’avoir su faire grandir et su faire perdurer un label d’une façon aussi spectaculaire ? Personne. En tous les cas pas grand-monde d’autre. Et ce que l’on peut considérer comme les « limites » de Throatruiner forme à mon sens sa plus grande force, celle d’une identité et de choix assumés, la force de la passion. Alors, effectivement, si on n’aime pas plus que ça le hardcore et ses nombreux dérivés actuels (chaotiques, noise, convergeries en tous genres, screamo ou même emo) mieux vaut aller écouter de la musique ailleurs, ce ne sont pas les labels proutocrates de garage-synth qui manquent non plus.

Ceci étant dit, attaquons-nous à ce joli split réunissant deux groupes de Laval, les très connus dans les milieux barbus, tatoués et donc autorisés Birds In Row et WAITC qui eux gagneraient à être plus connus, malgré un passé déjà chargé. Commençons par Birds In Row, un groupe pas vraiment prolifique – il vient enfin de publier près de trois ans après son premier LP un nouveau mini album intitulé Personal War chez Deathwish, justement, on en reparlera assurément une autre fois – mais qui par contre tourne activement et régulièrement en Europe et même en Amérique du Nord. Rien de bien nouveau sur les trois titres proposés ici par Birds In Row, la musique est rapide et violente, furieuse et méchamment suractive. Manque peut-être le côté un peu plus torturé (et lancinant) qui transperçait parfois sur l’album You, Me & The Violence, quelque chose de plus viscéralement ténébreux mais il n’y a pas photo non plus : le trio est toujours en aussi grande forme et ces trois titres qui s’écoutent d’une seule traite comme un seul et unique morceau (tout est le nom de ceux-ci : Can’t Leave, Can’t Lie et Can’t Love) confirment que Birds In Row peut garder sa place au sommet du panthéon du hardcore moderne.

En ce qui concerne WAITC – à l’origine acronyme de We Are In The Country mais le groupe semble tenir à ce que tout le monde oublie son ancien nom –, il serait trop facile de strictement assimiler cet autre trio au même courant musical que Birds In Row. Parce que le hardcore de WAITC est lui nettement plus épais et plus gras que celui de leurs petits camarades de split. Et du coup, oui, je l’avoue sans honte aucune, je préférerais presque, d’autant plus que je décèle également quelques accents de rock’n’roll métallurgiste bien placés – en gros il y a tout ce qu’il faut pour soulager mes bas instincts (et ils sont nombreux), mon goût immodéré pour le carnage sonique, mes désirs de gueulantes et de vrillages de tympans. Je concèderai malgré tout que WAITC n’est pas un modèle exemplaire de finesse et que, malgré toutes les idées qui fusent par ici, on reste dans le primitivement brutal. Mais comme la musique du groupe a tendance à me rendre débilement euphorique (malgré son côté sombre mais comme d’habitude je ne suis pas à une contraction près) je déclare en tout conscience professionnelle WAITC et Birds In Row à égalité. Voilà donc un split de haute volée.

Hazam (13/12/2015)