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Basement
Counterclockwise – 12''
Some Produkt, Day Off, After-Before 2014

Basement n'a pas la même notion du temps que le commun des mortels. Huit ans que le trio de Libourne n'avait rien publié. Depuis Everything Gets Distorted qui faisait déjà suite à huit autres années de silence. D'ailleurs, Basement a carrément décidé d'aller dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en appelant son disque Counterclockwise. Basement remonte le temps, comme si Everything Gets Distorted était hier, volonté inconsciente d'écraser les heures et de reprendre les choses là où Basement les avaient laissées, de signifier que la dimension du temps est subjective et après quasi 20 ans d'existence, ce foutu temps n'a pas de prise sur eux.
Retour à la formule à trois mais Basement fidèle à son noise-rock princier, tout en puissance et en émotion, indémodable et maîtrisé de bout en bout. Le seul défaut de ce disque, c'est bien sûr la durée. Uniquement quatre titres après toutes ces années, on frôle l'accident de travail, le stakhanovisme inconsidéré. Après un précédent album enregistré par Nicolas Dick de Kill The Thrill, autre groupe à la notion du temps très personnelle, Basement est parti chez Serge Morattel. La rencontre entre la patte sonore du Suisse et l'univers de Basement coule de source, on se demande même pourquoi ça ne s'est pas fait avant. Le son est flamboyant, tranchant tout en restant lumineux pour mieux mettre en valeur le talent mélodique de plus en plus prononcé de Basement. D'ailleurs, à ce petit jeu là, Cut The Background Noise décroche le gros lot avec un refrain à tomber et un morceau tour à tour poignant et rageur. Mais c'est l'ensemble des quatre titres qui frappe fort. L'urgence du chant finement saturé comme sur Labyrinth qui me fait penser aux Deity Guns, une propulsion imparable grâce à une rythmique de fer dans un gant de velours, le genre qu'Unsane aime aussi enfiler (ah, ce début de Black Ink Stains), un son de basse (et le jeu qui va avec) toujours aussi ensorcelant et un song-writing largement au-dessus de la moyenne pour accoucher de morceaux exaltants à partir d'éléments pourtant connus. Basement aime prendre son temps, chaque détail compte, peaufiner jusqu'à ce que la compo soit parfaite et s'impose de sa propre force. Espérons juste qu'il ne va pas falloir attendre encore huit ans pour avoir droit à un nouveau disque de Basement.

SKX (09/03/2015)