theand





The And
Straw/Town Of Stone 7''
Tractor Notown 2015
s/t 10''
Tractor Notown 2015

This is not the end my friend, this is The And. Et c'est un merveilleux début avec G.W. Sok et Nicolas Lafourest, soit la moitié de Cannibales et Vahinés. Un double sortie simultanée avec un single deux titres et un 10'' avec six autres titres. C'est à se demander d'ailleurs pourquoi The And n'a pas directement sorti un album puisque qu'avec ces huit morceaux en tout, vous obtenez plus de quarante minutes. Mais passons outre ces considérations bassement technico-techniques car la musique de The And plane très haut dans un ciel chargé de profondeur et d'une belle sobriété drapée dans une sombre mélancolie.
Un chant, une guitare et rien de plus. Ou plutôt si, des mélodies palpitantes, du dépouillement chaleureux, de l'élégance rêche, des arpèges qui sonnent. Simples, beaux. De la guitare slide électrisante, des boucles dans lesquelles on n'y perd pas son latin et la poésie de G.W. Sok, sa diction inimitable et son timbre de voix grave et posé dont on a jamais autant perçu la fragilité. The And n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour vous toucher la corde sensible, capable d'évoluer dans l'intimiste et le minimalisme tout en ayant beaucoup de relief.
Que ce soit sur le single avec la face A Straw et ces accords plaqués développant un lourd parfum de spleen coupant net en fin de piste ou la face B qui n'a de B que la lettre tant Town Of Stone me fait encore plus d'effet que Straw avec une nervosité accrue et une mélodie à tomber ou sur les vingt-cinq centimètres orageux et tumultueux à l'instar de la pochette, le duo vous embarque dans leur rêverie sans fard, une longue parenthèse où il fait bon de se laisser bercer tout en gardant le regard lucide. La guitare transperce, les mots frappent.
Comme souvent depuis qu'il a quitté The Ex, G.W. Sok emprunte sa poésie à différents auteurs. L'écrivain hollandais Jan Arends que De Kift a déjà régulièrement mis au goût du jour, David Bowie sur Rock'n'Roll Suicide, Don van Vliet/Captain Beefheart sur Words, Bob Dylan pour Masters of Wars. Les pensées ne font qu'une et gardent toutes leurs pertinences au fil d'une actualité dont les préoccupations restent identiques, quelques soient les époques.
Par contre, la musique demeure l’œuvre de The And et elle est sublime. Une narration sans refrain, sans couplet, un long fil sur lequel le duo tisse de poignantes harmonies, une justesse dans les mélodies, des effluves lancinantes de blues comme sur certains titres de One Lick Less avec un guitariste possédant mine de rien de l'or entre les doigts. La seule musique dont ils ne sont pas les auteurs se nomme Around The Corner. Elle est inspirée du Atmosphere de Joy Division. A ce point d'inspiration, on peut appeler ça une reprise et c'est la plus belle reprise que j'ai jamais entendu d'Atmosphere (bon en même temps, je crois n'avoir jamais entendu d'autres reprises de ce morceau). Du grand art, du travail d'orfèvres.
On s'était déjà aperçu du talent de l'association de ces deux musiciens sur le Shooting At The Moon de Cannibales & Vahinés. Sur ces deux disques, la complémentarité est parfaite et enchanteresse. Ils se sont parfaitement trouvés et The And est un nouveau projet à marquer d'une pierre blanche.

SKX (04/11/2015)