Les putes contre les lapins (ou les lapines, tant qu'on y est, allons-y gaiement), c'est un beau programme, un programme alléchant qui sent les poils, surtout quand ils s'amusent à reprendre The Cure. Robert Smith en frémit d'horreur. Et il y a de quoi car ça sent la reprise burnée et tatouée et Whores applique le tarif maison. Le trio d'Atlanta reprend Jumping Someone Else's Train de l'album Boys Don't Cry. Lourdeur et lenteur, The Cure au pays du stoner, ça fait un malheur. Mélodie initiale reconnaissable et écrasée par une rythmique énorme, un riff foutrement grésillant et un solo au ralenti, l'envie de brandir son petit poing en cassant méchamment la nuque avant la courte accélération finale pour mettre tout le monde d'accord et renouer avec le rythme du morceau d'origine.
Rabbits reprend deux morceaux de The Cure. Tout d'abord, le court et introspectif instrumental A Reflection (sur Seventeen Seconds) sur lequel le trio de Portland remplace les délicates touches de piano par deux guitares et un brin de batterie dans le fond et qui pourrait servir d'introduction pour une compo de Neurosis. Une reprise enchaînée avec Give Me It (sur The Top en 1984) et là, Rabbits sort le grand jeu et rappelle à tout le monde qu'ils étaient déjà les rois de la reprise avec leur album précédent Bites Rites qui en comptait trois. Batterie tribale, gorge profonde, guitares fois deux pour deux fois plus de folie et de plaisir, Rabbits respecte l'original tout en l'éclatant et lui donnant un sérieux coup de jeune. Vous connaissez le refrain sur ce genre de concept, de reprises qui sont toujours moins bonnes que les originaux. Sauf que je m'en tape royalement car les originaux, je ne les connaissais pas spécialement et ces trois titres peuvent s'écouter comme des compos à part entière du répertoire respectif de chaque groupe, notamment le Give Me It de Rabbits que je me remets encore une fois, encore et encore.

SKX (17/04/2014)