Il aura mis du temps à venir cet album. Un an qu'on l'avait annoncé après trois singles très alléchants. Mais Watery Love n'est pas du genre à se mettre en quatre pour satisfaire la demande, n'a pas de plan de carrière et s'ils atterrissent sur le bien coté label In The Red, c'est parce qu'ils le valent bien. C'est pas pour ça qu'ils ont mis les petits plats dans les grands. Rock primaire se contentant de peu pour donner beaucoup, Watery Love prouve qu'avec une recette minimale, il tient à l'aise la distance d'un album. Mono riff saturé avec une autre dans le fond qui couine et se permet des soli de la mort sur deux cordes, chant fort en gueule qui fait marcher droit, répétition aliénante pour faire monter l'adrénaline et péter les nerfs, Watery Love joue la carte Brainbombs revisité par Cheater Slicks, les Stooges et un doigt là où il faut de Clockcleaner. Après tout, Richie Charles, guitariste et cordes vocales tempé-tueuses de Watery Love n'est-il pas l'ancien batteur de Clockcleaner ?! Skull music mais pas pour têtes de pioche. Si leur musique est toujours aussi à ras de l'os - superflu dans ton cul - l'enveloppe a pris de la consistance, du gros grain qui fait mal. Decorative Feeding ne donne pas l'impression d'avoir été enregistré dans la cave. Ou alors une cave super bien équipée. Watery Love envoie les saturations avec la force d'une armée de zombies. Ça sent toujours autant la lose et les fins de mois difficiles mais désormais avec la manière. Jusqu'à se damner, se vautrer dans une classe incroyable de rudesse lors de deux étincelants derniers titres de plus de cinq minutes, Piece of Piss et Face The Door, car Watery Love possède en son sein et dans les tripes ce fond d'humanité les différenciant de tous les bouseux et les laborieux, rendant leur musique si captivante pour un album sauvagement poignant.



Simultanément, Watery Love a sorti un single de reprises comme il affectionne tant. Après s'être frotté à Lou Reed et aux Cramps sur les précédents singles, le groupe de Philadelphia reprend Sick People des hardcoreux new-yorkais Breakdown et les Ramones avec I Don’t Care. Et dans un moule 100% pur jus Watery Love, on y voit que du feu. La classe jusqu'au bout.

SKX (09/06/2014)