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Swans To Be Kind 3xLPs Young God/Mute 2014 Qu'est-ce qu'on disait à propos de l'album précédent ? Trop long, beaucoup trop long et forcément inégal. Et qu'est-ce que nous refait le père Gira avec To Be Kind ? Le coup du triple album, les deux heures de musique à en crever étouffer sous le poids, l'overdose et la démesure. Têtu le mec. Mais là, oh miracle, ça marche ! Tout du long, sans faiblesse, sans temps mort, sans blague. Et ne comptez pas sur moi pour vous l'expliquer ce putain de miracle. To Be Kind ne s'analyse pas, il se vit. To Be Kind ne se soumet pas à la question, c'est lui qui nous possède. To Be Kind réfute tout éclaircissement, il est suffisamment lumineux ainsi. Après, vous avez le droit de ne pas vous sentir éclairer et de trouver ça chiant comme la mort mais l'expérience mérite d'être vécu au moins une fois dans sa chienne de vie. Tentative de description. Grande messe païenne et passionnée avec ses joies et ses souffrances, une hypnose continue, And I sleep in the belly of rhythm, une transe obsessionnelle avec Michael Gira dans le rôle du shaman alignant les mots comme sur un poteau d'exécution, les répétant jusqu'au dernier soupir. Des morceaux fleuves qui ne font même pas peur mais vous captent, vous malmènent, font rentrer en lévitation comme les 34 minutes de Bring The Sun/Toussaint L'Ouverture (que vous prononcerez Ouvairtoure). Des cavalcades épiques, bruitistes, des tremblements telluriques, des chuchotements, des moments introspectifs, des brisures, des rires stressants et un chant démoniaque sur Just A Little Boy (For Chester Burnett), des rythmiques/percussions incroyables d'inventivité (le sidérant et violent Oxygen), voir de légèreté (le surprenant et sublime A Little God in My Hands), le souci du détail, une richesse dans les arrangements totalement bluffante. Un travail de titans que Gira et sa bande d'enclumeurs de l'enfer retranscrivent dans un élan aussi puissant qu'aérien, aussi martial qu'intimiste, solennel et mystique et dont le grand talent est de rendre cette architecture dorée, cette chevauchée fantastique, limpide et évidente. La tentation est grande d'éplucher tous les morceaux variés et cohérents qui mériteraient une chronique à eux tout seul mais on n'en fera jamais le tour en plus de ne jamais y voir la fin. 32 ans après, Swans est au sommet de son art. Expérience unique pour un groupe qui l'est tout autant. Immensément incontournable. SKX (29/08/2014) |