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Subtle Turnhips
Redhair With Some – LP
Homeless 2014

Subtle Turnhips, c'est avant tout le souvenir d'un 45 tours avec la chanson la plus merveilleusement stupide et jouissive du monde, Quack Quack Baby Quack Quack. C'était sur Black & Noir records. En 1992. Ça nous rajeunit pas. Ensuite, c'est le trou noir. Il faut attendre 2003 pour entendre à nouveau parler d'eux avec leur premier album éponyme. Un Bigorneau en forme de 10'', deux albums et quelques singles plus tard, le trio français revient avec un quatrième album sur l'excellent label australien Homeless records.
Un groupe qui a toujours été plus (re)connu (toutes proportions gardées hein) à l'étranger qu'en France (le 2ème album Terd est sorti sur le label US Hozac records). Bon, faut dire que Subtle Turnhips n'a jamais tout fait pour être le groupe le plus célèbre du monde. Groupe mené en dilettante, concerts aussi rares qu'un smicard au Medef, c'est avec l'attitude du j'en ai rien à foutre que Subtle Turnhips a toujours et mènera toujours son bordel. Punk dans l'âme. Que ce qualificatif soit associé à garage-punk, scène à laquelle ils sont le plus souvent rattachés, ou proto-punk ou post-punk ou punk ce que tu veux mais punk un jour, punk toujours.
En fait, Subtle Turnhips s'en branle de toutes ces étiquettes de baltringues. Chez Subtle Turnhips, on ne se prend pas la tête par la théorie. Ça joue à l'instinct du moment que ça gratte, que ça fasse du bruit et que tout le monde prenne son pied et finisse en sueur. Ce que vous entendez sur le vinyle est ce qui sort des amplis, même si vous mettez un Mikey Young (Eddy Current Suppression Ring) au mixage de ce Redhair With Some. Subtle Turnhips ne se contente pas de ressortir les poncifs d'une scène garage-punk branchouille. Ils sont hors du temps et des modes. Ils font ça comme si c'était une deuxième peau. Que ce soit dans l'indifférence générale ou dans un stade plein à craquer, ça ne change rien à leur petite affaire. Alors c'est parti pour treize morceaux au cordeau, sauvage, crade, entraînant, acide. Subtle Turnhips fait le spectacle. Voix nasillarde, pleine de morgue et magistralement incertaine, batterie tribale et le feu au cul, riffs étalant ses grésillements avec classe et anarchie, basse bourdonnante, Subtle Turnhips étale ses tubes bancals, ses pépites délabrées, hilarantes (Tweez (François)), caustiques, psychotiques avec une simplicité désarmante et une naïveté troublante. Vous pouvez citer Swell Maps, Television Personnalities, un Brainbombs fun ou l'anti coté obscur de la Force, Subtle Turnhips est à nulle autre pareil. Alors pas grave si vous prenez le train en marche ou que vous ayez zapper comme moi tout un pan de leur discographie, il n'est jamais trop tard pour se soumettre au monde dérangé et enflammé de Subtle Turnhips avec Redhair Some Hair, un disque qui, dans un monde parfait, devrait être dans toutes les discothèques de punk-rockers qui ne se pissent pas dessus.

SKX (18/09/2014)