sinkingsuns

Sinking Suns
Bad Luck, Tragedy And Revenge (2011-2014) – CD
Self-released 2014

Un titre d'album qui sonne comme un chant du cygne mais il n'en est rien. Sinking Suns solde ses comptes. Pour mieux repartir de l'avant. Et l'avant, ce sont les 6 premiers titres dont la parution est également imminente sous un format 10'' et portant le nom de Songs of Revenge. Revanche sur quoi, je n'en sais fichtre rien mais le futur s'annonce radieux. Ou alors revanche sur tous ces groupes du passé à qui on les a trop vite comparé (mais c'est le jeu ma pauvre Lucette !) ? Le trio de Madison s'est affranchi des ombres bienveillantes. Jesus Lizard, Tar et tout un pan du noise-rock made in Chicago sont remerciés mais pas oubliés. Exit Unsane trop facilement cité pour leur premier single (et d'ailleurs je me demande bien pourquoi à le réécouter aujourd'hui !) et sans proposer du neuf, Sinking Suns fait un habile mélange entre noise-rock sec et post-punk remanié pour livrer une partition fine et personnelle. Ces six nouveaux titres sont le signe d'une évolution dans le qualitatif. Tout est dans le détail. L'alchimie précieuse entre les joutes rythmiques qui ont la modestie de ne pas en rajouter, les épines harmoniques et le cinglant d'une guitare lumineuse et riche en arabesque tortueuse et le vernis rugueux d'un chant (celui du bassiste) apportant la férocité idéale pour amener souffle et force aux compositions adroitement élaborées et tournoyant dans le ciel rouge de la pression. Drown in Black, Torn Apart, Fathoms Deep, le menaçant A Song of Revenge, merveilles de mécaniques fiévreuses qui ne sautent pas à la tronche mais à l'effet pénétrant et durable. Mais le bonheur ne s'arrête pas là. Sur ce CD de 17 titres, Sinking Suns a mis la totale qui sonnera comme de la nouveauté pour la majorité. Les deux titres du single Vicious World chroniqué en temps et en heure en 2013. Cinq autres titres (le 9ème et du 12 au 15ème) tirés de la même session d'enregistrement mais disponibles uniquement en version digitale et qui auraient très bien pu avoir les honneurs également du single (le grandiose Preacherman par exemple). Et quatre autres morceaux qui font le petit plus de ce disque, à savoir quatre inédits qui ne sont pas de vulgaires chutes de studio, Devil's Due, Heavy Hearts, Bad Luck Charm (enregistré en 2011) et Cannible, une reprise datée de 2014 de The Drags, obscur groupe garage de chez Estrus records en 1997. D'ailleurs, ça tombe bien car je me disais que dans les accords de la guitare baigne souvent un arrière-goût agréable d'un rock'n'roll un peu crade, un blues perverti à la sauce noise-rock. Ceci expliquerait cela. Ou n'explique pas car on s'en tape. L'avenir appartient à Sinking Suns qui sait parfaitement se glisser à travers tous les pièges et les références pour provoquer la chance, éviter les tragédies et prendre une éclatante revanche sur le sort.

SKX (18/07/2014)