silentfront
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Silent Front
Trust - LP
Function 2014

Tout est dans le titre. Trust. Oui, nous avions confiance en Silent Front. Après leur précédent split 10'' qui signait enfin un enregistrement digne de la force de frappe du trio anglais, nous n'avions aucun doute que la route du bonheur était désormais toute tracée. On reprend les mêmes - Umair Chaudhry pour la mise en boite et le mixage et James Plotkin pour la mastérisation – et on recommence. Trust perd son sang froid et efface des tablettes la semi-déception de Dead Lake en balançant huit brûlots moins un. Un morceau, un seul morceau dont le titre est un pied de nez à ce qui vient d'être dit puisqu'il se nomme Confiance. C'est un instrumental, il est calme, méditatif et répétitif, il apporte de la douceur dans ce monde de brutes, il dure trois plombes ou six minutes, c'est pareil, c'est à dire beaucoup trop long et vain, on se demande ce qu'il vient foutre au tout début de la face B en cassant la dynamique de l'album. Mais il ne saurait tout de même gâcher le plaisir d'ensemble. Plaisir d'un son compact, une batterie qui sonne comme chez Albini, ça avance en rang serré, ça joue précis et furieusement. Un noise-rock à l'école Chicago sound mais exécuté par des Anglais, c'est à dire avec un surplus de mélodies, de finesse et de passion symbolisées par les lignes vocales du chanteur-guitariste Phil Mann. La basse de Russell Whitehorn fait des merveilles et des ravages dans la grande tradition des bassistes noise-rock. Les morceaux ne sont plus frappés de dichotomie comme sur Dead Lake, excepté la fin de Mechanical Grip s'achevant dans la sérénité. Tout est percutant, subtilement saccadé et très bien agencé à l'image des grandioses More is less et Friend or Foe ou traçant des lignes droites enragées comme Veil paru en single quelques mois plus tôt. Sept titres en terrain connu pour ceux qui aiment déjà s'éclater au son des Buildings ou Young Widows mais montrant Silent Front à un niveau encore jamais atteint jusqu'ici. Et rien que ça, c'est rudement le panard intégral pour trois Anglais qui ont en plus le gros défaut d'être adorables comme ils l'ont encore prouvé deux jours plus tôt lors d'un nouveau concert à Rennes qui avait l'odeur d'un sans faute.

SKX (14/04/2014)