ruggine
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vollmer


Ruggine
Iceberg - CD
V4V, Canalese Noise, Vollmer 2014

Si vous traduisez Ruggine en français, ça donne rouille. Vous ajoutez un nom d'album répondant à Iceberg et vous obtenez une idée très précise de l'exact opposé d'un album n'ayant rien de vieillot et qui n'est que chaleur. Un groupe italien dont le premier album en 2010 (Estrazione matematica di Cellule) nous avait soigneusement évité. Par contre, l'Iceberg, on se le prend de plein fouet. La partie émergée consiste entre un noise-rock naviguant entre la dureté et l'incandescence d'un Doppler ou The Glad Husbands et une sensation plus post-hardcore et déchirante à la Knife of Symphony ou Caravels. La partie immergée de Iceberg, c'est tout le reste, l'indicible, les frissons que ça vous procure sans savoir d'où ça vient, la charge émotionnelle qui surgit sans crier gare, une immense masse sombre, poignante, mouvante, pouvant basculer d'un moment à l'autre et faire fondre les plus frigides. Dès Babel, vous vous dites que vous avez mis le doigt dans le bon engrenage et que la pression va être continuelle. On peut leur reprocher un angle d'attaque systématiquement identique, un manque de variété dans les ambiances proposées (excepté sur le final de neuf minutes Cds) mais ça suinte l'urgence à chaque sillon, ça sent la tragédie sur chaque morceau et c'est appuyé par un chant passionné en italien et une dynamique rythmique pas avare en pain dans la tronche et bien aidée par la présence de deux basses, une propulsion par palier, des sas de décompression et des explosions successives que la guitare accompagne tout en finesse. Des morceaux toujours à la relance, avançant inexorablement, qui vous noue les tripes et torture le mental. Cet Iceberg là va réchauffer plus d'un cœur.

SKX (04/11/2014)