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Raspberry
Bulbs Privacy - LP Blackest Ever Black 2014 Une pochette
rose, des framboises bulbes, lettrage runique, Raspberry Bulbs serait
du genre à aimer brouiller les pistes que ça n'étonnerait
personne. Un groupe new-yorkais qui en est déjà à
son troisième album. Et effectivement, au petit jeu toujours stupide
des étiquettes, Raspberry Bulbs n'est pas facile à mettre
dans un cadre musical pratique et facile. Mélange de garage-rock,
de punk-noise, d'hardcore ancestral que la mélodie ne rebute pas.
Et si en plus de tout ça, le black metal revient régulièrement
dans les descriptions de Raspberry Bulbs, les vrais fans de ce genre vont
être sacrément déçus. Il faut sans doute voir
dans cette référence une allusion au passé de Marco
Del Rio dans le groupe black metal Bone Awl en tant que batteur en se
faisant appeler He Who Crushes Teeth en toute simplicité. Car ce
groupe, c'est avant tout le projet de Marco Del Rio qui avait publié
le premier album (Nature Tries Again sur Hospital Productions en
2011) en faisant tout lui même et qui déclare être
très peu à l'aise sur scène. Un projet de studio
qui a pris corps depuis avec un deuxième album en 2013 (Deformed
Worship sur Blackest Ever Black) et le recrutement d'un vrai groupe
pour aboutir désormais à cinq personnes dont Nick Forté,
un ancien Rorschach et Andy Reuland, un mec de Les Savy Fav et Violent
Bullshit. Privacy, à force de brasser différentes
influences, est surtout un album qui finit par ressembler qu'à
lui même. Vous pouvez retrouver tout le fiel et la crasse d'un hardcore-noisy
à la Pollution, le traitement vocal à la Clockcleaner avec
plein de reverb, des churs à la Thugs comme sur How The
Strings Are Pulled, un enregistrement sauvage qui sonne comme une
prise live, Raspberry Bulbs éclate les frontières. Ce qu'il
faut retenir, c'est un album ultra abrasif, vicieux, intense, mélodique
sous les barbelés, violent, sombre mais pas dénué
de lumière. Et comme Marco Del Rio et sa bande n'aiment définitivement
pas faire les choses simplement, Privacy est un album découpé
par six intermèdes qui n'ont de nom que des chiffres romains, articulations
tour à tour bruitistes ou sidérales pour prouver encore
une fois que Raspberry Bulbs a l'approche vraiment singulière.
Ce disque était parti pour être une sympathique branlée
punk et on se retrouve au final avec un disque bien plus malin que la
moyenne et extrêmement jouissif. |