rabbitusmaximus
lambunlimited
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Rabbits
Untoward - LP
Lamb Unlimited 2014
Méfiez-vous
des lapins comme des clowns du Nord-Pas de Calais. Rabbits sort de son
terrier de Portland un troisième album. Il a mis un peu plus de
temps que Bites
Rites à dégager ses sales effluves rances mais le
résultat est identique : la bête est fourbe et vous possède
à l'usure.
Le trio guitare fois deux et batterie a pris un soin tout particulier
à couvrir de boue son noise-rock plus sludge que la mort. Ça
sent la terre glaise, les riffs embourbés, l'accordage plus bas
que les emmerdes, la batterie s'extirpant difficilement du sol vaseux.
Rien ne décolle, tout est terreux, sans ampleur, autant aller à
la chasse au pigeon. C'est ce que tu te dis au départ mais c'est
juste la myxomatose que t'as dans les oreilles qui t'empêchent d'entendre
clair et de voir la Lumière.
Celle d'un groupe qui n'a pas son pareil pour mélanger son punk-rock
dégueulasse de six pieds sous terre avec une approche noise-rock
hirsute, lourdingue et brutale que le guitariste et principal chanteur
Joshua 'Booze' Hughes pratiquait bien autrement au sein de Angel Hair
et The VSS. Les contours des compositions se dégagent peu à
peu, la boue sèche et les résistances craquellent. S'il
reste toujours une bonne dose de crasse sur les guitares, la virulence
et les explosions du fond de la mine ne tardent pas à faire des
ravages comme sur Ever Mind ou So Fake It's Real. C'est
touffu là-dedans, ça sent l'embrouille à deux mètres
mais les deux guitares finissent par s'extirper des ténèbres,
l'une en jouant gras et serré, l'autre en tournant autour comme
une bête affamée. On y décèle même comme
des bouts d'accroches bien fumeuses, du riff chargé en muscle qui
les fait bander d'arrogance avec un chant de gardien de mammouths occupé
à ramener son troupeau au bercail. Une véritable arche de
Noé ce disque. La pochette ne me contredira pas.
Mais Rabbits peut aussi vous faire tourner chèvre. Deux titres
qui dépassent les grandes oreilles au-delà du raisonnable.
Les six minutes de Reek And Ye Shall Find et les dix de Like
You A Lot. Si le premier titre nommé serpente allègrement
dans les méandres d'un esprit embrouillé, pour pas dire
enfumé, et propose plusieurs changements de vitesses et des positions
indécentes allant du baveux menaçant à un hardcore
poisseux ultra rocailleux, le deuxième nommé reste bloqué
sur le psychédélisme cendreux d'un titre répété
comme une bonne vieille méthode Coué jusqu'à te l'enfoncer
dans les globes oculaires. We like you a lot. Le destinataire a
le droit de le prendre avec ironie et nous, on peut crouler sous le poids
d'un disque qui ne dépareille pas sur le catalogue du mec d'Unsane.
Une drôle de bestiole mutante et finalement très attachante
une fois apprivoisée.
SKX (05/11/2014)
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