ovo
corpoc












Ovo
Averno/Oblio – 12''
Corpoc 2014

Battons le fer tant qu'il est chaud. Ovo, c'était hier soir et c'était beau. Au sortir d'un interminable week-end de travail durant lequel l'envie de mandaler quelques têtes de nœud assaillait mon bras gauche, le plus raisonnable était de se vider la sienne de tête au doux son de Ovo et Gnaw dans un lieu de perdition et bar de quartier pertinemment appelé Le Terminus. La première bière remonte le moral et les très généreux verres de vin blanc servis comme des demis pour le même prix finissent par le mettre au beau fixe, surtout quand la patronne vous glisse dans l'oreille en vous servant : je suis désolée, je n'en mets pas autant que d'habitude, mon fournisseur a augmenté le blanc de 40 centimes. Mais merde, dans quel monde vit-on, Madame ?! Je ne sais donc pas si je dois maudire ce fournisseur ou le remercier mais cette réflexion intense n'empêche pas mon regard d'être attiré par un très bel emballage sur la table de merchandising. Un disque d'Ovo que je ne connais pas.
Un concert plus tard très convaincant durant lequel on a pu admirer la souplesse et la frappe de brute de l'imposant batteur Bruno Dorella et la performance de Stefania Pedretti, ses cordes vocales au vitriol, sa guitare sonnant comme trois basses, ses dreadlocks et ses sourires, ce disque beau comme une enluminure est dans la poche. Je suis toujours chafouin quand j'ai affaire à un disque gravé que d'un coté mais il faut avouer, celui là a de la gueule. Gravure couleur or, packaging sobre et superbe, il vaut largement son billet de dix. Deux inédits qui étaient les deux premiers morceaux du concert. Le duo italien continue de creuser le sillon du bonheur entamé sur leur précédent album Abisso. Tout comme le concert, ça sonne de feu de dieu. Le bruit mat de la batterie s'abattant comme un couperet, les têtes qui tombent comme des ardoises au grand vent, Averno ouvre le bal des suppliciés et Oblio l'achève dans les grandes largeurs. Un beau lopin de terre noire et caverneux s'enrichissant de couches de bruits au gré des synthés lugubres, pads électroniques, pédales déviantes pour guitare détournée et la voix unique de Pedretti, glaçante et subjuguante, venant s'agglutiner sur ce monticule de souffrance. Un plaisir masochiste, une accélération foudroyante, un groupe singulier, la beauté d'un disque se fondant dans le souvenir d'un concert décrassant. C'est dimanche soir, il pleut, j'enfourche mon vélo et je m'en tape royalement de toutes ces têtes de nœud.

SKX (28/04/2014)