lookslikemiaou
tendresse
katatak





Looks Like Miaou
Handbrake – LP
Tendresse/Katatak 2014

Deuxième album pour ce duo basé à Bruxelles et dans lequel on retrouve des petits bouts de Volx, de Nnevteiga et de Caraques. Looks Like Miaou c’est donc une voix féminine, une voix masculine, des jets de guitare désossée, du synthé sépulcral, une boite à rythmes rudimentaire – des fois on jurerait entendre de la batterie jouée par un chroniqueur de disques –, des bruits inquiétants ou de la bidouille (comme sur le titre introductif – en forme d’hommage à Throbbing Gristle ?) et pas mal de reverb ou je-sais-pas-quoi qui ajoute une once de brouillard à l’ensemble. Du brouillard peut-être mais pas de la mélasse. Si la chambre d’écho fonctionne principalement sur les voix, il n’y en a jamais systématiquement ou de trop. Et, du côté de la musique, Handbrake est très loin des facilités lo-fi grésillantes garage dégueux derrière lesquelles se cachent tous ces groupes qui se biberonnent à la cold wave de superette, au shoegaze unijambiste et à la sauce gribiche-barbapapa. La tension est toujours bien présente, comme sur le très beau Guided By Lumps, au départ rehaussé d’une trompette mais surtout éclairé par les vives rayures d’un chant à la limite du parlé/scandé.
Looks Like Miaou se place en dehors de toute complaisance, adepte c’est sûr de ces musiques refroidies et avariées qui puent le malaise – le mal-être ? – mais le duo démontre qu’il possède une vision claire, précise et surtout franche de la chose. Je ne parle pas d’efficacité ou de rendement volumétrique mesurable en hectolitre de pathos asphyxiant mais d’une certaine exigence, bien que se satisfaisant des moyens du bord, en ce qui concerne la qualité des compositions, leur exécution et, donc, leur rendu (appelons ça de l’honnêteté). Tout ceci n’est pas ostentatoirement fragile et bancal. Looks Like Miaou tente également à plusieurs reprises de placer un hit dans la lucarne, sur le côté gauche : le faussement chaloupé Weakening, le partiellement entrainant Unise Race ou le plombant Handbrake, par exemple, même si ce dernier est lui consciencieusement sacrifié sur l’autel du refus de la victoire finale par un break salopard et (presque) grindeux, assez improbable. Là où le disque est vraiment bluffant c’est en s’imposant, au fil des écoutes, malgré son minimalisme affiché et grâce à son refus de trancher entre lo-fi d’arrière-cour et austérité princière, comme un album riche en sensations contradictoires et en aveux attachants. Un petit disque qui cache de bien grandes choses.

Hazam (14/10/2014)