jealousymountainduo
blunoise

Troisième album très sobrement nommé N°_03 pour le duo allemand Jealousy Mountain Duo. Tout comme le deuxième était appelé N°_02 et le premier N°_01. C'est imparable. Pochette toujours aussi superbe et classe (photos de Christian Brauneck et design par Sohely Nassary, le furieux guitariste de Nicoffeine). La musique reste donc également majoritairement inchangée, suivant les traces de ses prédécesseurs. Pas de révolution majeure mais le bonheur toujours là où on ne l'attend pas. Car dans le monde obscur de la musique instrumental free-noise-math-jazzy, il n'est jamais aisé de trouver une musique coulante et lumineuse sous des dehors décousus et improvisés. Et Jealousy Mountain Duo possède cette qualité rare. Entre la batterie de Schneider et la guitare de Berger, l'osmose devient quasi parfaite. Comme pour les enregistrements précédents, un peu de temps est nécessaire pour apprivoiser les flux et reflux de cette musique poétique. L'impression d'écouter une longue pièce avec ses frénésies, ses respirations, ses dérapages, ses abstractions, ses dissonances et ses éclairs de limpidité, un mélange qui finit par bercer alors qu'il pouvait être opaque de prime abord. Les huit morceaux dévoilent ainsi peu à peu leurs charmes, se découpent et montrent les rouages révélant les mécanismes tout en gardant une part de mystère. Le guitariste se joue des boucles, exploitent toutes les possibilités des cordes de son instrument, plongeant un peu plus que sur N°_02 dans les affres de l'expérimentation mais sans jamais se départir d'une aura générale mélodique et fluide. Nordic Walking, morceau du split single avec Don Vito se retrouve ici en sixième position, pièce parmi sept autres formant un très beau puzzle prenant tout sons sens quand l'ensemble est achevé, se permettant d'ajouter comme un mélodica sur Gott Ist Nicht Nett, un esprit electro sur The Rincon Pio Sound ou une belle nappe de synthé pour relever la beauté de Broke in Stoke. Jealousy Mountain Duo est passé maître dans l'art de rendre simple les moments compliqués, de faire de l'abstraction un pur moment de détente.

SKX (08/12/2014)