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Hands Up Who Wants To Die
Vega In The Lyre - LP
Learning Curve, Art For Blind, Gabu, Whosbrain, Triplejump, Wah Shtuff 2014

Vega In The Lyre, ce n'est pas seulement une histoire d'étoile et de constellation mais un disque qui vous projette très loin dans la voûte noise-rock de l'au-delà. Les Irlandais de Hands Up Who Wants To Die ont recrée le Big Bang, surpassant un premier album qui n'avait déjà rien d'une petite virée nocturne. Déconstruire pour mieux reconstruire. Ils ont tout compris et la nouvelle architecture est flamboyante. Enlever de la matière, reconsidérer les lignes et les angles d'attaque, codes ancestraux malmenés. Le noise-rock de Hands Up est devenu largement plus tordu et intelligent. Ils jouent sur les volumes, n'hésitant pas à considérablement augmenter, par exemple, la basse, la mettre en avant puis subitement, la diminuer, créant, outre un effet de surprise et une descente d'organes, une perte des repères dans laquelle il est bon de s'exploser. Ou de carrément baisser le volume générale comme sur Dreft pour mieux vous agresser par la suite. Dynamique incendiaire. Guitare et basse ont un dialogue de feu, complémentaire dans les interventions, décisives à chaque seconde. Le chanteur Barry Lennon a su également évoluer. Il varie les intonations, passant sans difficulté d'une vocifération dont il était coutumier à un chant parlé, un chuchotement, une voix trafiquée, maîtrisant, à l'instar du concert monumental donné le 3 octobre dernier à Rennes pour les 20 ans de Kfuel, toutes les ficelles d'une folie sans cesse au bord du précipice lors d'une prestation pleine de maestria.
Chaque composition dégage une force brutale et beaucoup de finesses là où l'album précédent était plus généralement frontal, vous tuant à petit feu. Hands Up joue admirablement bien sur les contrastes et les ruptures sans jamais qu'on les sente venir, dans des structures remplies de fausses pistes, de surprises et de détonations, au point d'évoquer tour à tour Slint et Jesus Lizard and co sur Burnt Yesterday. Tout glisse comme dans un rêve, se fractionne sans forcer, monstre de fluidité dans un monde accidenté. C'est hargneux, beau, bizarre et inventif comme pendant les sept minutes de False Dawn. Il faut également saluer l'enregistrement de Vega in the Lyre par John 'Spud' Murphy et Ian Chesnutt. Chaque instrument résonne incroyablement. La guitare cingle l'air, la basse est superbement distordue, le rendu est vivant comme un corps chaud plongé à l'intérieur d'un ampli et des tape loops et autres bruits grouillants rajoutent à l'hystérie collective, l'impression d'un disque pensé et magnifié de bout en bout. Avec Vega In The Lyre, vous êtes carrément sur une autre planète, celle où figure les grands disques de noise-rock qui marquent une époque.

SKX (30/10/2014)