hammerhead
learningcurve
|
Hammerhead
Global Depression 12''
Learning Curve 2014
En 2010,
Hammerhead s'était réunit pour les 25 ans de Amphetamine
Reptile à Minneapolis, le fief de tout ce beau petit monde, soit
après quatorze années de silence. Suffisant pour leur donner
à nouveau le goût de la poudre. Pour Paul Erickson (basse,
chant) et Jeff Mooridian Jr. (batterie), la mèche n'avait jamais
cessé de crépiter avec Vaz,
leur autre projet depuis 1998. Mais avec Paul Sanders (guitare, chant),
le trio magique était recomposé et pouvait tout faire exploser
comme au bon vieux temps. Ha, ce bon vieux temps qui n'arrête plus
de la ramener. Pour le meilleur et pour le pire. Je n'arrive même
plus à savoir si on doit s'en désoler ou s'en réjouir.
Ces reformations sont devenues une nouvelle norme. Plus aucun de ces retours
ne devient étonnant. Mais pour les avoir vu le 27 septembre dernier
à Montaigu lors du festival Aïnu, je dois dire que pour le
coup, je n'étais vraiment pas déçu de cette reformation.
Hammerhead a joué comme si c'était la première fois.
Les anciens titres comme les nouveaux se sont mélangés dans
un enthousiasme générale et une grosse ambiance, Brest
valait largement le déplacement, on y a vu que du feu, la frappe
de Mooridian est toujours hallucinante et on se serait cru en 94 aux Tontons
Flingueurs à Rennes. J'ai quel âge déjà ?
Après un premier jet quatre
titres en 2011, Hammerhead passe à la taille supérieur avec
Global Depression, six titres sur un autre label de Minneapolis,
Learning Curve. Si un nouvel enregistrement de groupes enterrés
depuis longtemps me fait toujours naturellement craindre le pire, on peut
espérer aussi qu'il entretienne le mythe à l'instar des
Swans. Hammerhead n'a pas tranché. Il s'en sort tout de même
plutôt bien. Rien qui n'ajoute une pierre à leur statut de
groupe noise-rock 90's incontournable mais les fondements sont là
et Hammerhead ne vacille pas dessus. Le savoir-faire est toujours présent.
Dès le premier titre Global Depression, l'énergie
et l'intensité sans faille vous assaillent, sublimant la mélodie
qui se terre sous les saturations et la basse bourdonnante d'Apollo Liftoff
avec ses churs inimitables. Un très bon titre de leur répertoire,
toutes générations confondues. Après, ça sent
un poil plus la routine avec les oï oï du court Santa
Prisca et Like
a Wizard comme dans un état second ou le cul entre deux
chaises. When she smiles, it's time to go. Face B, Outer Rim
montre un regain de violence et d'entrain avec une rythmique tout terrain
alors que Another Room, dans la retenue et la tension larvée,
montre un Hammerhead plus retors et inédit qui n'est pas pour me
déplaire. Enfin, Descended From Apes pourrait passer pour
une insulte à ce merveilleux batteur qu'est Isolation DH-9 vu le
rythme binaire de boite à rythme tropical insufflé à
ce morceau bizarre et finalement attachant qui montre que Hammerhead possède
plusieurs cordes à son arc. Et de l'humour. Global Depression
n'est clairement pas le meilleur du meilleur d'un Hammerhead n'essayant
pas de reproduire à l'exactitude son glorieux passé tout
en montrant qu'il en a encore dans les chaussettes.
SKX (09/10/2014)
|
|