gabrielhibert
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Gabriel
Hibert
Peindre & Ne Rien
Foutre
CD
Self-released 2014
Gabriel Hibert
persiste et signe. Une chronique
de son précédent disque lui conseillait pourtant de former
un vrai groupe mais en fait, non, il se débrouille très
bien tout seul, faut jamais écouter les vieux (mais Hibert rien
pour attendre, mouhaha). Un gars de Toulouse à la baguette, aux
cordes, aux boucles, au sampler, au chant, à l'enregistrement,
au mixage. Seule une voix féminine (Marie-Louise Hibert, on reste
en famille) apparaît sur un titre (Piet) et, pour le plus
grand bien de nos yeux, il a cette fois délégué à
Nicomix/Ruin pour la pochette sérigraphiée.
A part ça, Gabriel Hibert n'a besoin de personne pour s'éclater.
Peindre & Ne Rien Foutre est un tableau de sons se télescopant
de partout. Enchevêtrement de formes tordues, superposition de couches
dissonantes, perspectives brisées, changements de lignes, expression
d'un noise-rock chaotique, folâtrant, explosant dans de multiples
directions, avec autant de gravité que de facéties, de grincements
que de joyeux rebondissements dans ta face. Un rock libre et bruyant tour
à tour élastique, dur sur l'homme, capable de proposer deux
atmosphères totalement différentes dans un même titre,
opposition constructive, évoquant aussi bien Naked City, This Heat
ou les pitreries des Messins de Le
Singe Blanc, tapant dans la math-rock décomplexé, le
rock progressif sans la prise de tête qui va avec, l'expérimental
ludique, l'accidentel heureux et une approche futuriste à la Microwaves.
C'est la musique d'un gars (sans doute) batteur à la base, une
musique très rythmique, quels que soient les instruments utilisés,
très peu de place pour les mélodies, tout pour la dynamique,
les taloches, les rafales, les coups vicieux, sans se départir
d'un certain fun dans le groove, te faire trépigner, l'instabilité
en point de mire, quitte à te perdre parfois en route. Sensation
d'être perdu, trimballé dans le grouillement mais comme dans
le précédent Ego Vieux, la musique de Gabriel Hibert
est furieusement vivante, risquée avec un bon cran au-dessus dans
la réussite. Avec ses excès, son énergie débordante,
une maîtrise qui à aucun moment ne fait penser à un
one-man-band lo-fi des campagnes. Gabriel Hibert est un tout, un groupe
à lui tout seul, se démerde comme un chef et Peindre
& Ne Rien Foutre, outre un titre étrange qui en jette,
est une toile furieusement colorée, entre collages miraculeux et
saillies débordantes d'entrain où tous les coups sont permis.
Surtout les plus surprenants. Vous feriez bien de sérieusement
vous pencher sur son cas.
SKX (12/09/2014)
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