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Guerilla Toss
Guerilla Toss - CD
Tzadik 2013
Gay Disco – LP
NNA Tapes 2013

2013, année très prolifique pour Guerilla Toss. Outre le split avec Sediment Club, les cinq bostoniens ont sorti un album pour Tzadik records en mai, dans la collection Spotlight consacrée aux nouvelles pousses aventureuses et Gay Disco, un vinyl sur NNA Tapes en décembre pour les hommes, les vrais, qui aiment se trémousser sur les pistes de danse. Sauf que Guerilla Toss va rendre déhanché et coup de rein difficiles. D'ailleurs, Guerilla Toss donne du fil à retordre à tout le monde. Pas le genre de musique que tu mets au lever du lit. A moins de vouloir y retourner tout de suite. Le mal de crâne en plus. Mais c'est comme pour le cholestérol, il y a le mauvais et le bon mal de crâne.
Les six titres de l'album sur Tzadik (qu'on trouve aussi sous le nom de Gorilla Toss) seraient à ranger dans la seconde catégorie, celle des gens qui aiment souffrir. Déflagrations tous azimuts, convulsions irréelles à te faire ravaler tes fondements no-wave, math-rock pour épileptiques, free-rock-noise par des dadaïstes possédés, échange absurde entre deux guitares crissantes et tranchantes, quelques bidouilles aux synthés, c'est le chaos, l'impression d'un grand n'importe quoi mais c'est méticuleusement orchestré. Savoureusement répétitif. Diaboliquement explosif. Car en plus, c'est exécuté avec force, bestialité, la hargne du punk et la décadence guignolesque du weirdos. Le batteur Peter Negroponte est une brute et Kassie Carlson est une aboyeuse hors-pair, mi-hystérique, mi-folle, c'est dire le niveau. On comprend pourquoi le John Zorn de Naked City aime ça. Weasel Walter doit baver également. Six longues compositions démembrées, complexes et hyper bien ficelées dans leur délire, avec plein de fulgurances, nuisible, intense, une spectaculaire absence de retenue, l'art d'en foutre partout sans se disperser. Je conçois très bien que ce ne sera pas le disque de tout le monde, qu'on puisse trouver ça imbitable et hyper stressant mais là, à la seconde même, je trouve ça énorme.



Si vous ne supportez pas ce disque, vous pouvez aller cliquer ailleurs. Aucune chance pour que vous aimiez Gay Disco. Maladie identique. Et pourtant, cet album a quelque chose de... comment dire... non pas gay friendly mais plus fun, dansable pour ceux qui ne savent pas danser mais remuer leurs corps de façon très aléatoire, presque léger et guilleret. Recherche de rythmiques plus exotiques mais toujours inventives, présence accrue de sonorités électroniques, guitares en mode échappées d'asiles sachant mettre le bémol (Pink Elephant), chanteuse qui ne change pas de registre mais capable également de la mettre en veilleuse ou moduler ses crises. On arriverait presque à respirer sur Gay Disco. Ça n'empêche pas que cet album va taper sur plus d'un nerf, qu'il ne faut pas chercher à tout comprendre au monde pervers et loufoque de Guerilla Toss, se laisser porter par la vague de l'extravagance bruyante et débile, le funk-noise tordu du troisième millénaire, se laisser approcher par de grands moustachus en cuir noir vous susurrant dans le creux de l'oreille que tout va bien se passer. Mais on sait que ça va pas bien se passer. C'est impossible avec Guerilla Toss. Ce sont de grands malades imprévisibles mais décidément, j'aime vraiment ça.

SKX (27/01/2014)