Gondoliers, c'est pas Venise mais Somerville, à deux coups de rame de Boston et c'est John Manson, l'ancien batteur de Neptune au temps de Intimate Lighting, qui désormais pousse la chansonnette. Et c'est pas la barcarolle. Avec Daniel Madri (guitare, synths) et Brendan Gibson (batterie) plus une bassiste pour les concerts, Gondoliers a concocté un putain de racket organisé. Noise-rock futuriste et incendiaire dans la lignée de Microwaves, méchamment trituré par un flambant synthé Korg et une attitude cherchant la perte des repères dans un monde où c'est déjà le gros bordel. La voix se met à niveau et trafique ses cordes tout en maintenant un certain détachement, avec cette petite menace au fond de la gorge qui lui donne un air de prédicateur fou. La guitare sent l'atome déréglé, bataille avec les mauvaises ondes du Korg, une batterie qui voltige dans tous les sens et c'est quand on croit que tout va exploser (le mongoloïde Loose Associations) que Gondoliers prend une direction opposée et perverse. Le mur de feu transpire le festin nu. L'atmosphère se refroidit et est incertaine, Gondoliers ralentit le mouvement, jauge sa proie et devient encore plus persuasif comme sur Unshared Beliefs et We Fit, quitte à filer le bourdon sur un funeste Mackerel Hill. Gondoliers mène admirablement bien sa barque et a composé un premier album comme une balle traçante. Tu le vois venir de loin mais tu peux pas lui échapper.

SKX (05/09/2014)