Godflesh, le retour. Justin K. Broadrick et BC. Green – à nouveau durablement rabibochés – ont décidé de passer à l’étape suivante après avoir relancé la machine Godflesh lors de réapparitions choisies (l’usine du HellFest en 2010) puis lors de tournées européenne et américaine. Les fans ont été ravis, Godflesh est décidemment éternel et ces prestations en duo, c’est-à-dire avec le line-up originel du groupe, ont soulevé un enthousiasme bien légitime. Etait-ce une bonne raison pour ensuite retourner en studio ? Après tout, continuer à écumer de temps à autres certains festivals évènementiels et tourner sporadiquement aurait pu être largement suffisant, le vieux répertoire de Godflesh regorgeant d’albums absolument mythiques en matière de metal industriel – tiens, l’année dernière a même été publiée une version live de Streetcleaner enregistrée au Roadburn en 2011, soit l’intégralité de l’album joué dans l’ordre, titres bonus de l’édition CD compris.
Bon, après tout, tu me diras que les Swans de Michael Gira et Norman Westberg ont eux publié trois albums studio depuis la reformation de leur groupe en 2010 et ceux-ci apportent réellement quelque chose d’intéressant et de pertinent à la discographie pourtant déjà bien remplie des new-yorkais… Dans le cas de Godflesh, ce n’est pour l’instant pas vraiment le cas. Decline & Fall est un EP de quatre titres et qui annonce un album à venir. Le coup du EP éclaireur, Godflesh a toujours aimé le faire et s’en est même souvent servi pour faire des blagues à ses fans : je pense à Merciless détruisant tout avant le presque aérien Selfless (1994) ou à Messiah brouillant les pistes après Us And Them (1999) et avant Hymns (2001). Donc on ne peut pas parier que le futur album de Godflesh ressemblera trait pour trait à ce Decline & Fall. Et même on l’espère. Parce que sur cet EP il n’y a aucune surprise, bonne ou mauvaise. Depuis le titre du disque jusqu’à sa pochette ornée d’une photo en négatif et pixélisée, en passant par son contenu même, tout est estampillé Godflesh, Godflesh, Godflesh, Godflesh, Godflesh… Mais c’est fait d’une façon tellement insistante voire rétrograde que ça en devient rapidement agaçant et pénible.
OK, la grosse prod est là et bien là, Godflesh n’a sans doute jamais sonné aussi massif et destructeur mais les quatre titres de Decline & Fall sont d’une faiblesse à toute épreuve, patchwork du pauvre à base d’éléments de titres que le duo a déjà enregistrés dans le passé et toujours en mieux. Aucune nouveauté et uniquement la volonté affichée de revenir aux sources du groupe. Aussitôt écouté, aussitôt oublié parce qu’on s’en fout complètement. Et encore, je reste poli.

Hazam (10/06/2014)