Le feu n'a pas de limites et Fake Limbs va le prouver une nouvelle fois. Un deuxième album impossible à circonscrire. Le jaillissement provoque le flot et le flot est à subir. Point de logique conventionnelle, Fake Limbs présente un bouillon rock'n'roll rempli de germes incendiaires. Le groupe de Chicago revisite les affres du rock, du MC5 à The Stnnng en passant par Rye Coalition, une mèche longue qu'ils font intensément crépiter. La section rythmique n'oublie pas qu'ils sont de Chicago et savent mettre les bonnes joutes qui font mal quand il faut mais c'est surtout le guitariste qui mène le bal. Au point d'en faire des tonnes parfois, le point de non retour étant atteint sur Nosebleed at the Oxbow et un solo improbable dont je préfère en rire. Pour le reste, Bryan Gleason se démène dans tous les sens pour chauffer sa guitare, parfois sur la corde raide mais finissant par tout emporter à l'arrache grâce à un jeu généreux, fougueux et généralement inspiré. Le résultat est une gerbe d’électricité entremêlée d'étincelles géniales, de courts-circuits sur lesquels il est bon de se faire griller les neurones, de coups de butoirs anarchiques et fiévreux et de putains de morceaux derrière lesquels plus rien de repoussent comme le délié Mc Lyte, Hairwrecker ou Dr Detroit. Et pour surmonter tout ça, il faut un chanteur à la hauteur. Stephen Sowley relève le défi et se pose là dans la catégorie baratineur de première, poussant, portant, crachant, faisant monter la température de morceaux intriqués et sauvages et parfois aidé par des choeurs dont une fille dans le fond. Dans la lignée des This Moment in Black History, Waxeater, White Drugs et donc The Stnnng, Fake Limbs sort un album enflammé dans la continuité -catégorie supérieure- de son premier album Man Feelings.

SKX (23/03/2014)