Deux groupes parisiens se partageant un bout de vinyle dont la pochette ne laisse pas présager une musique débordante d'allégresse et de lendemains chatoyants. Les deux pieds dans la merde noire et la mort qui vous attend en ricanant. Et Miss Dalloway et Enob ne partagent pas uniquement un visuel signée Pauline Riveaux. Leur post-hardcore-noise machin truc, à l'instar d'un Revok, est rampant, sinueux, collant, noir comme la suif et intense comme une pression sociale qui va finir par exploser. Enob a déjà un album et un autre 10'' à son actif (jamais entendu). Epiderme est le titre des sept minutes de ce long morceau et c'est vrai qu'il gratte, qu'il donne envie de s'arracher la peau à rendre dingue. Ces trois arpèges perçants tournant en boucle rappelant un vieux Deity Guns, une compo qui semble ne jamais vouloir partir, ce supplice d'une tension étouffée, d'une adrénaline patiemment sculptée dans une construction aussi originale que perturbante. Enob joue magnifiquement avec nos nerfs et Epiderme file le frisson, le grand.
Miss Dalloway avait livré une première trace avec un EP qui n'avait pas laissé un souvenir impérissable mais qui donnait tout de même envie d'en savoir plus. Un changement de personnel plus tard avec le départ du batteur remplacé par le bassiste lui même remplacé par un nouveau membre et Miss Dalloway opère sa mue. Leur précédent avait un fort arrière goût de grunge et de Nirvana éventé. Ils reviennent avec une compo poisseuse, traînante, ne cherchant pas la confrontation directe et une tension aussi larvée que leurs camarades de l'autre face avec qui ils partagent également le goût pour le morceau tapant dans les sept minutes. La construction est plus simple mais le résultat est convaincant. Le morceau s'appelle The Worst is Coming. Dans leur cas, ça serait plutôt le contraire. Un split ténébreux et très recommandable.

SKX (22/06/2014)