chaussetrappe
kythibong



Chausse Trappe
Chausse Trappe - 2xLPs
Kythibong 2014

La chausse-trappe s'est refermée. Définitivement. En guise de cadeau d'adieu, un double vinyle ou un album trois-quart plus exactement. Trois morceaux. Un par face et la dernière pour faire décoration. Le plan de bataille des Nantais est connu. Il avait été dévoilé sur un premier album, c'était encore mieux en concert et sur ce chant du cygne, c'est l'apothéose finale, le feu d'artifice en trois actes poussés dans leurs derniers retranchements. Trois longs mantras d'environ treize minutes chacun pour expurger tous les mauvais esprits. A réveiller de stupeur un fan de Godspeed You Black Emperor. Des microscopiques changements, des accélérations progressives, une transe jusqu'à l'éclatement, des répétitions à en crever. Deux bassistes et/ou guitaristes, un violoniste et un batteur, pour une expérience autant physique que sensorielle. Jamais des morceaux aussi longs n'auront paru aussi courts. C'est le miracle Chausse Trappe. L'intensité qu'ils arrivent à créer et maintenir avec une formule aussi mince et punk. Tout dans le détail. Le rythme de batterie qui frappe plus fort pile au bon moment, la guitare qui explose à la seconde même où on en pouvait plus, la frénésie patiemment agencée conduisant vers l'hallucination et la trépidation organique d'un corps pris d'hystérie. Trois titres se ressemblant, répondant d'ailleurs tous au même nom – Grandgousier – avec d'infinies alternatives réparties entre Août, Mars partie I et Mars partie II et qui mis bout à bout ne font qu'un, immense coulée kraut-rock version Loire charriant des vagues de transpiration, l'abandon de soi et un uppercut qui dure une éternité. Je ne sais pas pourquoi le groupe a décidé d'arrêter mais il est facile d'imaginer que Chausse Trappe avait conscience d'être arrivé au bout de leur démarche, que tout avait été dit et a préféré se saborder plutôt que retomber dans la redite et l'ennui qu'ils ont toujours su magnifiquement éviter. C'était pas gagné d'avance alors bravo et merci pour ces deux disques.

SKX (14/06/2014)