Premier album pour ce groupe débarqué de nulle part sauf que ce nulle part à un nom, Harrisonburg. Et comme vous êtes incollables sur ce patelin de Virginie, USA, vous savez qu'il y existe un seul et unique groupe de rock là-bas et son nom mondialement connu est Buck Gooter. Et dans le duo Buck Gooter, vous savez également que Billy Bratt est un jeune vénère, il ne tient pas en place et alors que Buck Gooter va sortir son seizième album depuis 2005 (The Spider's Eyes sur Sophomore Lounge et Feeding Tube records, même que ce bon vieux Henry Rollins en dit du bien), Billy Bratt trouve le moyen et le temps de former un autre duo avec le guitariste John Sgroi et de composer un album. Il existe désormais deux groupes de rock à Harrisonburg.
Et si vous connaissez Buck Gooter, vous ne serez pas dépayser par Candidate Demo. Sgroi à la guitare, Bratt aux chants, les deux se partagent les machines, c'est à dire une boite à rythme rudimentaire et un vieux synthé, soit la même configuration que pour Buck Gooter mais aussi la même approche brute de décoffrage, primitive, minimaliste et après moi le déluge. La principale différence est que vous n'avez pas les morceaux plus détendus de Jerry Turtle, l'habituel compère au sein de Buck Gooter mais une continuelle charge d'animosité dans le chant de Billy Bratt, un gars qui semble en vouloir à la terre entière, que du titre qui sent la grosse frustration et l'hostilité. Sonorités archaïques de synthé typé années 80 sur Asphalt par exemple mais jamais trop en avant, bidouillages à deux balles, rythmes qui ne cherchent pas la complexité (de toute façon, leur boite ne doit pas en être capable) et riffs de guitare surgissant d'une casse de bagnoles, Candidate Demo est un indécrottable duo de punks, rien à foutre de ce qui se fait ou ne se fait pas. C'est basique, écorché, hirsute, sauvage, un groupe d'electro-punk d'un autre âge, un groupe de synth-punk-guitare comme personne n'en voudrait dans les milieux branchés. Ça peut toucher du doigt le bon nerf comme sur Forcefed Tears ou Given To The Dust. Ça peut aussi être foireux, kitsch (assumé ou non) et bancal. Le riff peut être éclairé tout comme il peut se planter grave dans le fossé, voir rappeler Queen sur Animal Grinder, rythmique comprise. Le chant de Bratt est pour beaucoup dans la personnalité de Candidate Demo, son flot/flow hargneux donne du coffre, tient en haleine même si elle n'est pas de première fraîcheur à gueuler comme un putois. Mais il a dans le fond de sa gorge cette pointe d'inconscience qui rend le machin attachant et particulier. Même quand ils pondent un morceau de treize minutes (Buried In The Sky), bien trop long et avec à boire et à manger dedans. Mais ils sont comme ça chez Candidate Demo, le naturel au grand galop et il te reste plus qu'à piocher pour te faire un bon quatre heures.

SKX (14/11/2014)