thebody
sandworm
thrilljockey
The Body/Sandworm
Split LP
Thrill Jockey 2014

La ville de Providence à l'honneur avec deux groupes qui n'ont pas besoin de masques d'halloween pour faire peur. Le temps avait paru prodigieusement long avec leur dernier album en date, Christs Redeemers. Sur ce split, The Body revient avec un seul titre, les seize minutes de The Manic Fire. J'avoue avoir poussé un gros soupir avant de lancer la bête. Qu'est-ce que le duo allait nous réserver, la face Christs ou la face Master ? Seize longues minutes plus tard, c'est le Christ qui gagne... Si le morceau est assez varié et propose plusieurs vitesses et approches de lecture de leur doom/metal/ambient expérimental de l'étrange, l'impression dominante reste des bouts de morceaux collés les uns aux autres sans réel fil conducteur avec un arrière-goût de faisandé qui n'effraiera que les enfants et les communiants. A moins que ce soit leurs cris de vierge effarouchée imitant le goret qui définitivement m'insupportent. Vous avez donc un morceau dont la dominante est la lenteur et la lourdeur, avec un essaim de sauterelles électroniques qui tentent de vous bouffer la cervelle, un peu de piano pour faire joli et accompagné par leur fameux ensemble vocale féminin de Assembly of Light, une brusque accélération au milieu pas trop mal sentie et bruitiste pour vous réveiller et un groupe qui se donne beaucoup de mal pour pas grand chose au final. Mais ça aurait pu être pire ! The Body est de plus en plus mort en ce qui me concerne mais je continuerais de voir si c'est irrémédiablement le néant lors de leurs prochains enregistrements tant ce groupe semble capable de tout.
Première sortie pour Sandworm, autre duo guitare/chant (Ben Eberle) et batterie (Pat Reilly) se faisant aider par la batteuse Mindy Stock sur trois des dix titres. Car pendant que The Body joue son péplum, Sandworm a le temps d'enquiller dix titres pour la même durée au final. Que du morceau qui enchaine autour des deux minutes, qui pulse, qui éructe et après la face The Body, ce changement de rythme fait grandement du bien. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour se prosterner devant ce groupe tirant son nom des immenses vers des sables de Dune. Le chanteur a appris son métier avec celui de The Body et si il y met moins d'aigus que son homologue, son chant profondément éraillé et continuellement gueulé exactement de la même façon aurait tendance à me les briser menu-menu. Musicalement, Sandworm donne dans le black-punk metal de banlieue. Si des deux lascars se disent des grands admirateurs de Darkthrone, ils en donnent une version beaucoup plus rudimentaire, punk et sans l'imagerie grand-guignol qui va avec. Bref, tout ça, même si certains morceaux privilégiant le côté punk-noise-pitbull passent plutôt bien, ça ne va qu'un temps ma bonne dame. Vivement Noël.

SKX (31/10/2014)