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Carla
Bozulich Boy LP Constellation 2014 Carla a laissé
tomber Evangelista et a repris son nom de jeune fille. Une jeune fille
qui a bien grandi, enfilé les disques, les chimères, les
kilomètres pour un Boy accouché entre la Turquie
et Paris, l'Inde, New-York et autres lieux perdus dans la foule, des diagonales
et des allers-retours dans les grandes largeurs, multitude de points éphémères
et de centres urbains grouillants sur sa carte interne toujours jalonnée
par un malaise existentiel. Mais elle se soigne. De là à
abonder dans son sens quand elle déclare que c'est son pop album,
il y a des chemins tortueux qu'on empruntera pas. La dame reste habitée
par des angoisses, la désolation louvoyante des cafards. Elle redoute
la lumière, la blancheur et la propreté. Oblique, experte
en bifurcation. En montage hasardeux et en abstraction lumineuse, en arrangements
envoûtants et suintants dans les rouages des machines (samples,
loops et un tas d'électroniques) construisant un monde aussi étrange
qu'onirique. Mais il glisse sur cet album comme une forme d'apaisement,
un univers mélodique irradiant le noir habituel. L'osmose devient
parfaite, inespérée. Au bout de la route surgissent des
compositions doucement illuminées sans qu'elles perdent de leur
force, des Drowed in The Light ou Gonna Stop Killing magnifiques,
un What Is It Baby complètement chavirant et hypnotisant
avec ses churs de sirènes pour mieux t'attirer vers le fond
et encore plus superbement et étonnement mélodique Lazy
Crossbones au feeling soul dans lequel on plonge sans respirer. Simplification
de la parole, aller à l'essentiel sans perdre le cur du combat,
confère encore plus de pouvoir. Et de grandeur. Et Carla Bozulich
fait au moins cette taille là. Se quitter sur un Number X
divinement sépulcral. Comme le précédent Animal
In Tongue, Boy n'a pas fini de m'obséder. |